• La politique déboussolée

    La gauche ne peut pas mourir

    Malgré l’échec de sa politique libérale, le président François Hollande n’en démord pas : « Il n’y a pas d’échappatoire. » Redoutant de devoir bientôt payer le prix d’une telle obstination, un nombre croissant de socialistes et d’écologistes réclament un coup de barre à gauche.

    Lire l'article dans Le Monde diplomatique (cliquer ici)


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  • Certains pensent effacer l'histoire en effaçant un nom qui les dérange. Georges Marchais, tu ne fus pas épargné de ton vivant, plutôt criticaillé que critiqué ce qui était le gage que ton engagement politique était une menace pour beaucoup de bien-pensants, traduisons gardiens de l'ordre capitaliste, voilà qu'aujourd'hui, quand tu reposes en paix comme je l'espère, ton seul nom est à ce point insupportable à certain édile, dont je veux ignorer l'identité tant sa démarche m'apparaît infâme, il est question de débaptiser le parvis Georges Marchais. Rien n'effacera jamais dans le coeur de ceux qui t'ont connu le souvenir d'un homme généreux entièrement dévoué à l'intérêt des travailleurs et des opprimés.

    Daniel Mérino


    Le parvis Georges-Marchais à Villejuif défendu... par leparisien


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  • Mélenchon-Zemmour : le débat par lepartidegauche


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  •  FFrançois Lenglet, la dette et moi

    La dette publique était l’argument massue, pourtant sans surprise, prévu par monsieur Lenglet pour abattre mon programme. Une fois de plus, il s’est pris les pieds dans le tapis pour n’avoir pas étudié nos arguments, mais seulement la caricature qu’il s’en fait. Du coup, François Lenglet choisit comme technique d’embrouiller le débat au point de le rendre incompréhensible. La dette « depuis quand est-elle illégitime ? De laquelle parlez-vous ? ». Cela revenait à me demander de lui dire quels titres de la dette, de quelle année et pour quel montant étaient visés ! Même une encyclopédie ne peut répondre instantanément à ce genre de colle à deux balles. J’aurais pu dire ce que je voulais, lui non plus n’aurait pu vérifier. C’est le style de François Lenglet : il veut impressionner en se donnant une apparence d’omniscience qu’il est bien loin d’avoir. La confusion qui règne dans ses propres livres, où il défend une chose et son contraire d’un chapitre à l’autre, en atteste. Tout est dans l’apparence : transformer une discussion en une sorte de grand oral de l’ENA. Il débarque donc avec ses graphiques souvent bien bidouillés, dont il n’a informé personne avant et dont il fait semblant que cela représente des évidences que tout le monde devrait connaître. La plupart du temps il est impossible de saisir sur le champ où est la faille du graphique sauf à le connaître d’avance, ce qui m’est arrivé déjà. Ici, il en fut de même une fois de plus. Un de mes commentateurs l’a noté. « Je voudrais apporter une précision, écrit-il,  sur le chiffre donné dans l'émission pour le vote FN chez les ouvriers, qui était de 43%. Par ailleurs, il y avait une erreur sur ce graphique qui a échappé aux fast-checkers, puisque dans cette catégorie, l'abstention s'est montée à 65% des inscrits (données Ipsos-Steria), et non à 54% (moyenne nationale) comme indiqué. Au final, le vote FN a donc concerné 15,05% de l'électorat ouvrier, et même moins, puisque l'Insee estime qu'il y a près de 15% de non-inscrits dans la catégorie. » Une fois de plus, les sondages et les graphes montrent ce qu’ils sont :  un subterfuge du parti médiatique favorable aux Le Pen.

    J’ai quand même réussi à dérouler quelques-uns de mes arguments. Mais je suis bien conscient que ce fut dans un tel chaos que c’était assez largement difficile à suivre. Je pense que c’était le but recherché : m’empêcher de décrire ma vision du problème de la relance économique. Non pour des raisons politiques mais parce que François Lenglet ne saurait quoi dire en contre. Et cela pour une raison bien simple : lui-même écrit qu’il faut « euthanasier » les rentiers ! Mais le but de l’émission n’est pas de me « servir les plats » comme ils disent. Il s’agit de montrer que les journalistes sont omniscients et clouent le bec à tout le monde. Peine perdue avec moi, bien sûr. Mais quel regret de ne pouvoir jamais aller au bout d’une démonstration et d’être tout le temps interrompu. J’ai lu dans le Nouvel Obsque je n’étais pas crédible dans mes arguments. Je mets au défi que quelqu’un parvienne à l’être dans de telles conditions. Mais le reste de la démonstration dans le « Nouvel Obs » m’a aussi ouvert les yeux. La soirée était en effet construite comme un vrai passe plat pour la seconde partie et son thème sur la droitisation de la société. Quand nous avons été invités, nous ne savions pas que ce serait la suite de l’émission. On saura à l’avenir en tenir compte. Mais on ne doit pas perdre de vue que cette émission est la dernière émission politique qui subsiste sur la télé de grande audience à une heure de grande audience. On cherchera en vain l’équivalent sur TF1 !

    Je veux donc ici, au calme devant mon clavier qui ne me coupe pas la parole toutes les deux secondes, présenter mes arguments dans leur enchaînement. En premier lieu, je vais rappeler ce que disait notre programme « L’humain d’abord » : « Nous agirons pour le réaménagement négocié des dettes publiques, l’échelonnement des remboursements, la baisse des taux d’intérêts les concernant et leur annulation partielle. Nous exigerons des moratoires et des audits sous contrôle citoyen. » Cet audit, c’est-à-dire l’analyse du contenu de la dette a été réalisé par un collectifs d’associations et de personnalités. Le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique a rendu le 27 mai 2014 un premier rapport. Il s’est essentiellement intéressé à la dette de l’Etat. Il estime qu’au total 59% de la dette publique actuelle sont « illégitimes ». Cette illégitimité  provient du fait que le montant de la dette résulte des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêts excessifs payés par l’Etat. Cette part illégitime de la dette atteint 1 077 milliards d’euros soit 53% du PIB. Si l’État n’avait pas réduit ses recettes et choyé les marchés financiers, la dette publique n’aurait représenté en 2012 que 43% du PIB au lieu de 90%.

    Voici la démonstration. La hausse de la dette de l’Etat ne peut s’expliquer par la hausse des dépenses de l’Etat car celles-ci ont reculé de 2 points de PIB en 30 ans. Par contre, 488 milliards d’euros de dette proviennent des cadeaux fiscaux consentis aux plus riches et aux actionnaires. La part des recettes de l’Etat dans le PIB a chuté de 5 points en 30 ans. Si l’Etat avait conservé ses recettes au même niveau, la dette publique serait inférieure de 24 points de PIB à ce qu’elle est ! Voilà pour la part d’illégitimité due à la diminution des recettes de l’Etat et de son appauvrissement volontaire. Voyons à présent la part due aux coûts excessif des marchés financiers. En effet, 589 milliards d’euros de dette proviennent des taux d’intérêts excessifs imposés par les marchés financiers. Le collectif a considéré qu’un taux « normal » aurait été de 2% au-dessus de l’inflation (taux d’intérêt réel). Dès lors, les taux pratiqués au-delà ont été « excessifs ». Démonstration à l’inverse : si l’Etat avait emprunté à des taux d’intérêts non excessifs, la dette publique serait inférieure de 29 points de PIB ! Bien sûr, ces taux d’intérêts excessifs ont eu un « effet boule de neige ». Il a fallu emprunter davantage pour rembourser les emprunts « excessivement » taxés quand ils sont arrivés à terme. Et ces nouveaux emprunts se sont fait souvent à des taux eux-mêmes « excessifs » qui ont renforcé l’illégitimité de la somme due. Voilà ce que l’on appelle une dette illégitime. François Lenglet fait le malin : « depuis quand ? ». Comme si c’était une preuve nécessaire de la valeur de l’argument. Imaginez : il aurait fallu avoir à l’esprit l’histoire de chaque emprunt du trésor public à mesure que la dette contractée pour rembourser de la dette s’est accrue. Voilà le genre de savoir que François Lenglet fait semblant d’avoir, quoiqu’il ne puisse l’avoir, et qu’il somme ses interlocuteurs de prouver.  

    A présent, voyons ce qu’il en est de la dette française elle-même en 2014. Assez de baratin avec les « générations futures » endettées par nos mauvaises habitudes ! La durée de vie moyenne des titres de dette est de 7 ans et 19 jours. L’honnêteté pour évaluer sérieusement la situation voudrait qu’on rapporte la dette à ce qu’il faudrait payer si on devait la rembourser en fin de course. C’est-à-dire 1 985 milliards d’euros de dette publique totale divisé par 2567 jours : cela fait 282, 24 milliards d’euros par an ! Soit à peine 13 % du Pib annuel ! On est loin des 93,6% agités sans cesse pour affoler le monde ! Car il est stupide de rapporter toute la dette à la valeur d’une seule année de production. Pourquoi le fait-on ? C’est d’autant plus absurde que le remboursement de la dette n’est pas exigible dans ce délai ! Il donc est absurde de comparer un stock pluriannuel à un flux annuel. C’est pourtant ce qui se fait à longueur de catéchismes médiatiques.

    Une autre comparaison indispensable est de rapporter la dette aux avoirs du pays ! Combien le pays possède-t-il ? C’est important pour savoir s’il a « les reins » solide face à la somme qu’il emprunte. Voyons les chiffres. Les avoirs de la France s’élèvent à 35 000 milliards de « patrimoine économique ». Cette somme contient deux composantes. D’une part 13 900 milliards d'actifs non financiers c’est-à-dire des immeubles, des logements, des machines et ainsi de suite. Et d’autre part le pays possède 21 000 milliards d'actifs financiers. Au total, la dette ne représente donc que 5,6% des avoirs de notre pays. C’est-à-dire rien. Ou presque !

    On me met régulièrement au défi à propos de l’annulation de la dette. Jean marc Ayrault lui-même s’était indigné : « Mélenchon propose de ne pas rembourser la dette, ce n’est pas sérieux ! » Outre que je n’ai jamais dit les choses de cette façon, je veux bien regarder de plus près cette hypothèse de travail très intéressante. Ce ne serait pas une première dans l’Histoire. Nos chers amis allemands le savent bien. Annuler la dette publique, l’Allemagne l’a fait ! Pour mémoire, ce fut le 27 Février 1953 ! La Conférence de Londres, réunie pour tirer d’affaire l’Allemagne vaincue et détruite, décida l’annulation de près des deux tiers de la dette allemande (62,6%) par ses créanciers étrangers ! L’accord a été signé par la RFA et 22 pays créanciers. Et parmi les 22 créanciers généreux, on trouve les États-Unis, la Grande Bretagne, la France, mais aussi la Grèce ! On ne peut pas dire que la reconnaissance étouffe les Allemands. Pourtant, l’addition était salée. La dette allemande d’avant-guerre a été réduite de 22,6 milliards à 7,5 milliards de Marks. Et celle d’après-guerre de 16,2 milliards à 7 milliards de Marks. Valeur de l’époque. Faites les multiplications pour trouver ce que ces montants veulent dire à présent ! Quand à l’ardoise des dégâts allemands, on l’a remise aux peuples qui ont reconstruits leur pays ! En lisant ces arguments vous constatez quelle extrême retenue fut la mienne face à l’odieuse député de la droite allemande qui nous parlait si mal sur ce plateau de télévision ! 

    Qu’en est-il aujourd’hui de la dette de pays étranglés par les méthodes comptables de  l’Europe Allemande ? Le cas d’école est celui de la dette grecque. Selon les calculs du FMI cités par Le Figaro, le bilan est ridicule. Le montant de la dette grecque, début 2010, avant les plans d'austérité qui devait « sauver » le pays, était de 298 milliards. Après six ans d’austérité, le plan de sauvetage s’est élevé à 350 milliards, entre remise de dette, rééchelonnement et nouveaux crédits. 110 milliards de 1er plan de sauvetage de 2010, 140 milliards de nouveau plan 2012 en cours d'application, 100 milliards de dettes annulées par les banques. Je reviens dans un instant sur ces « annulations ». Restons-en aux comptes globaux. On connaît la solution proposée par le Front de Gauche : que la BCE prête directement à la Grèce pour éponger sa dette. Si on l’avait fait au début, on aurait donc déjà économisé 42 milliards ! Et la Grèce n’aurait pas été martyrisée comme l’a été et comme elle l’est chaque jour sous l’administration allemande de la troïka présente à Athènes. Et maintenant, apprenez ceci que beaucoup d’entre vous ignorent. Quand une banque achète des titres de dette elle ne les range pas dans son coffre. Elle les revend ou les intègre dans des fonds de placement. Les titres de dettes grecs ont été revendus jusqu’à 25 % seulement de leur valeur faciale. La valeur faciale, c’est celle qui est marquée sur le titre. Un titre de dette de cent euros a donc pu être vendu jusqu’à 25 euros seulement à mesure qu’il circulait de main en main. En cous de cycle, une banque a pu racheter 25 euros un titre et le revendre à la banque centrale européenne qui lui achetait 30 ou 50. A chaque tour de piste du même titre, les banques se sont gavées. Et maintenant, ces titres sont dans le bilan de la Banque centrale européenne. Laquelle encaisse les intérêts et réclame le remboursement à la valeur faciale, acheté 25 et exigé à 100, comme un vulgaire fonds vautour.

    Cette comédie se vérifie pour chacun des plans de sauvetage décidés depuis 2010, pour l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et l’Italie. 1 100 milliards d'euros ont été dépensés sur ce mode ubuesque soit l'équivalent d’une année de production de l'Espagne ! Et pendant ce temps, pendant que les peuples étaient saignés, les rentiers en toute impunité pouvaient continuer à sortir leurs capitaux du circuit économique national. Entre juin 2011 et juin 2012 en Italie, 235 milliards se sont enfuis, soit 15 % du PIB et, en Espagne, 296 sont sortis sans laisser d’adresse, soit 27 % de la production annuelle du pays ! C’est tout ça que je voulais mettre sur la table dans la discussion sur la dette. Mais les façons médiatiques rendent ça impossibles. Et tout cela pour poser toujours les mêmes questions, réciter toujours les mêmes couplets, couper la parole et commenter des graphiques pipeautés. 

    Extrait du blog de Jean-Luc Mélenchon


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