• L’Europe austéritaire contestée

    Les Espagnols, les Grecs, les Allemands manifestent contre l’austérité imposée par les dirigeants et les traités de l’Union Européenne. En France, la droite a été sortie du pouvoir. Des échéances européennes sont devant le nouveau président François Hollande. Le bras de fer est engagé par les Grecs, le sera-t-il dans l’Hexagone ?

    Les peuples européens se soulèvent contre l’austérité imposée par les dirigeants de l’UE. Le chômage est une conséquence de la politique d’austérité mise en place par les gouvernements de droite de l’Union Européenne. Pas de relance de l’activité, coupes claires dans les budgets publics, pas d’emploi. Le chômage augmente dans tous les pays de la zone euro, et parmi la population active, les jeunes sont les plus touchés. 36% d’entre eux sont au chômage en Italie. La grogne monte, si bien que Monti lui-même, tout libéral qu’il est, a contesté l’austérité, avant de s’y soumettre suite au rappel à l‘ordre de Von Rompuy.

    En Espagne, la réponse des conservateurs, depuis peu au pouvoir, est de réduire le déficit. En coupant dans les dépenses publiques, et d’abord dans le budget de l’éducation. Ce nouveau plan de rigueur, qui prévoit d’augmenter les frais d’inscription à l’université de 50% et le nombre d‘élèves par classe de 20% s’ajoute à ceux concoctés par le gouvernement Zapatero. Ces derniers n’ont eu comme seule conséquence que de creuser encore davantage la dette et de plonger le pays en récession. Le peuple espagnol se mobilise car la crise empêche beaucoup d’entre eux de boucler les fins de mois, étranglés par les remboursements de leurs prêts immobiliers. Le taux de chômage explose. Il a atteint 24,4% fin avril. Alors l’objectif est de faire plier le gouvernement espagnol, défenseur des rentiers, et avec lui, l’Union Européenne.

    Même situation au Portugal, où la mobilisation a été forte le premier mai, grâce aux syndicats, contre le plan de « sauvetage » promis par l’Union Européenne et le FMI en échange de mesures de rigueur qui, comme partout ailleurs, plongeront le pays dans une plus grande difficulté encore. Le chômage est déjà de 15% début mai.

    En Allemagne, encensée par tous les éditocrates et les tenants du système libéral, comme étant le soi- disant "bon élève" de la zone euro, les salariés se mobilisent pour la hausse des salaires. Dans ce pays où toute personne au chômage est contrainte d’accepter n’importe quel emploi, même « un job à un euro », les manifestants étaient nombreux le 1er mai. IG-Metall, le syndicat de la métallurgie lutte pour une hausse des salaires de 6,5% et prévoit une grève à la fin du mois de mai en cas de refus du patronat et du gouvernement. Le fameux modèle allemand maintient sa croissance au détriment des autres pays de la zone euro mais surtout en écrasant le pouvoir d’achat des salariés. Résultat : une explosion du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, dans un pays où le salaire minimum n’existe pas.

    À Athènes, les Grecs sont victimes de l’austérité imposée par la troïka BCE-FMI-UE depuis 2009. Les salaires du secteur privé ont baissé d’un quart dans la seule année 2011 et le taux de chômage atteint 21%. La colère et la révolte des Grecs sont passées de la rue aux urnes, plaçant le parti frère du Front de gauche, Syriza, en deuxième position, derrière les conservateurs, mais devant le Pasok, parti socialiste grec. C’est clairement un refus de la rigueur qui a mobilisé les électeurs grecs le 6 mai dernier.

    Le traité Merkel-Sarkozy, objet de la révolte, doit être supprimé

    Les peuples européens ne veulent plus de l’austérité, alors même que c’est exactement ce que prévoient les différents traités européens récemment signés ou qui seront prochainement soumis aux votes des assemblées. Le 30 janvier dernier, les dirigeants européens ont adopté un nouveau pacte de discipline budgétaire, le traité Merkel-Sarkozy. Ce texte oblige les États à introduire la règle d’or dans leur constitution et donc d’avoir pour objectif premier et principal de leur politique l’équilibre budgétaire et la réduction des déficits. Si un État ne respecte pas cette règle, fixée sans aucune consultation des peuples, il est alors sanctionné, financièrement. Toute aide financière de l’Union Européenne est conditionnée à l’adoption de ce pacte budgétaire. Les dirigeants actuels de l’Union Européenne installent l’austérité de façon durable, sans légitimité démocratique et sous pression des agences de notation.

    L’analyse du Front de gauche était la bonne, la France peut peser dans la balance, en témoigne l’intérêt dans l’Union Européenne pour les élections présidentielles françaises. Les peuples européens attendent que le rouleau compresseur de la rigueur soit stoppé. L’enjeu est donc de taille pour François Hollande. Il a affirmé qu’il bloquerait le pacte budgétaire si aucun objectif de croissance n’y était ajouté. Mais les socialistes se sont abstenus lors de la ratification du texte instaurant le Mécanisme Européen de Stabilité. Pourtant, il était la première étape de l’installation juridique, en droit, de la rigueur en Europe. La position de Merkel est très claire, elle ne veut pas renégocier l’accord qu’elle a voté avec Sarkozy sur le pacte budgétaire. Elle installe donc de fait un bras de fer, entre le gouvernement allemand soutenu par les gouvernements du nord de l’Europe, et le gouvernement français, soutenu par les peuples européens, des pays en grande difficulté. La position du nouveau président de la République française dans les jours à venir sera donc décisive. Il est aujourd’hui porteur de l’espoir qu’enfin cesse la rigueur qui affame les peuples.

    Soit Hollande résiste à l’Allemagne, et choisit de soutenir les peuples en révolte, et les récents élus de Syriza en Grèce contre l’austérité. Il rallume ainsi l’espoir partout en Europe. Pour légitimer sa position devant ses partenaires, il pourra organiser un référendum, pour demander au peuple français son avis sur la question. Soit il cède. S’il cède, la politique d’austérité pourra se pérenniser, par-delà des petits compromis qui ne changeraient rien. Et le désastre sera au rendez-vous.

    Le Front de gauche sait comment faire, il s’y est préparé. Des mesures existent que peut prendre l’État souverain contre les marchés financiers : emprunt direct à la BCE, emprunt forcé auprès des banques pour desserrer l’étau et choisir la politique que l’on souhaite pour l’avenir. L’Argentine a ouvert la brèche en 2001 contre le FMI en Amérique latine, la France doit pouvoir le faire en 2012 contre la troïka dans l’Union Européenne.


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