• La gratuité des Trains Express Régionaux  : Une révolution sociale et écologique en PACA  ?

    Tribune libre de Jean-Marc Coppola

    Conseiller régional PACA
    Candidat du Front de Gauche aux élections régionales

    30 décembre 2009

    Promouvons un mode de transport radicalement alternatif à l’automobile

    Alors que chacun semble prendre la mesure des dangers inhérents au réchauffement climatique  : désertification, inondations, famines, migrations…, le sommet de Copenhague a accouché d’une souris et les appétits des groupes de transport privés sont intacts. Pour preuve, Veolia vient défier la SNCF sur le TGV et demain, avec d’autres, sur les TER.

    La question des déplacements revêt ainsi une acuité encore plus grande. Si l’on considère que les critères sociaux et environnementaux doivent devenir le fondement d’une nouvelle économie, d’une nouvelle manière de produire, le développement du transport ferroviaire devient incontournable. Je parle pour l’ensemble des activités de déplacement des personnes et des marchandises.

    En restant concentré sur le déplacement des hommes et des femmes, je prendrai l’exemple de notre région, saturée et polluée par le trop-plein d’automobiles et de camions. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, en douze ans de gestion régionale, nous avons fait d’énormes efforts en la matière par la compétence décentralisée des TER. Mais il est impératif de faire différemment et mieux. Quand je dis différemment, je vise l’État qui détériore la quantité et la qualité des services en réduisant les moyens humains de la SNCF, minant ainsi le service public pour préparer l’ouverture à la concurrence et donner la voie au privé. Quand j’écris mieux, je pense à l’institution régionale qui doit faciliter plus encore l’accès au train, mode de transport radicalement alternatif à l’automobile. Et je vais beaucoup plus loin en proposant la gratuité des TER sur l’ensemble de notre réseau régional.

    Certes, j’entends déjà les sirènes hurler  : démagogie, inconcevable, irréaliste et irresponsable, ce sont toujours les mêmes qui paient… J’entends aussi qu’il faudrait payer le billet, même un euro  ; ce qui pose la société dans laquelle nous voulons vivre, où pour être responsable et citoyen, il faudrait payer. Si cette proposition fait débat, tant mieux, car de l’émulation collective sort toujours quelque chose de bon. Cette proposition n’est pas une étoile filante dans le ciel d’une campagne électorale. Ce n’est pas une surenchère électorale pour se distinguer d’autres forces politiques, elle se veut la traduction de ce que nous vivons et subissons quotidiennement. Elle se veut une véritable réflexion sur le choix de société que nous portons, le choix de l’ambition, de l’audace et de la reconquête.

    Alors que la Cour des comptes nous explique que les recettes des billets ne représentent que 17 % des coûts, et qu’il conviendrait donc d’augmenter les prix, de supprimer les dessertes rurales et d’ouvrir le marché à la concurrence, j’affirme au contraire que la gratuité devient incontournable, salutaire et une arme contre la privatisation. On parle bien d’une mesure sociale, à l’heure où le pouvoir d’achat est en berne, mais aussi d’une mesure écologique. Plus que jamais l’urgence climatique impose que nous nous réveillions contre ce conservatisme et ce renoncement, porteurs de privatisation, de remise en cause de nos droits et de nos acquis, porteurs d’une identité nationale réductrice. Nous réveiller pour porter un service public fort de ses entreprises publiques, garantie de l’efficacité, 
de la qualité et de la sécurité.

    La gratuité impose une réorganisation des tâches et des missions  : c’est très bien. 
Je préfère la présence dans les trains
 d’agents d’accompagnement pour le confort, l’information et la sécurité des voyageurs que la police, bien plus utile ailleurs.

    La gratuité permettra un ajustement du service public au plus près des demandes des citoyens avec la création d’emplois, l’apparition de nouveaux métiers, de nouveaux rapports humains.

    Bien entendu, la gratuité pour les usagers nécessite des financements novateurs à la hauteur des besoins  : la généralisation du versement transport payé par les entreprises, la contribution des grandes surfaces commerciales et des promoteurs immobiliers, l’utilisation d’une partie de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (Tipp), les produits des contraventions automobiles…

    Soyons audacieux  ! La société a montré qu’elle savait étendre le champ de la gratuité à des domaines qui ne lui étaient pas forcément destinés comme l’école publique ou la Sécurité sociale. Il en va de même pour des déplacements quotidiens des hommes et des femmes, propres et sûrs comme les TER.

    Au-delà de la gratuité, c’est un véritable choix de civilisation qui est fait pour rendre le meilleur accessible à toutes et à tous.

    L’Humanité, le 30 décembre 2009


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