• Les profits sanglants de la guerre en Libye

    L’ONU a officiellement  décrété la fin de la mission de l’OTAN en Libye. C’est l’achèvement d’une guerre qui a eu tout au long de son déroulement bien peu à voir avec le mandat initial de « protection des civils ». Elle s’est achevée significativement avec le lynchage brutal du dictateur Kadhafi. Celui-ci, responsable de tant de crimes odieux, ne sera pas regretté. Mais cette mort violente arrange bien les dirigeants occidentaux de Georges Bush à Nicolas Sarkozy, en passant par Tony Blair, qui auraient pu pâtir des révélations publiques que l’ex-chef d’État Libyen n’aurait pas manqué de faire au cours d’un procès. Et pour les familles des victimes des crimes de Kadhafi cette absence de justice est une souffrance supplémentaire.

     

    Mais cela n’est pas le souci des pays de la coalition qui ont soi-disant « libéré » le pays. Les forces du Conseil national de Transition paraissent bien peu en capacité de stabiliser la situation, d’autant plus qu’elles se sont en permanence mises sous la coupe des puissances occidentales et dépendent fortement de ces dernières. C’est donc un pouvoir faiblement légitime, divisé, qui s’est également rendu responsable de tortures, selon Amnesty International, de violences racistes envers des migrants africains suspectés d’être des mercenaires proKadhafi. Une des premières mesures prises par le gouvernement de transition a été de rétablir la polygamie (que le régime Kadhafi avait interdit).

    Et il y a maintenant la course cynique aux dividendes de la guerre pour décrocher les contrats de la reconstruction et imposer une libéralisation de l’économie du pays. En septembre 2011, pendant le G8 de Marseille, la directrice du FMI Christine Lagarde, a annoncé : « Le Fonds Monétaire International reconnaît le Conseil de transition comme gouvernement de la Libye et est prêt, en envoyant au plus tôt son staff sur le terrain, à lui fournir assistance technique, conseil politique et soutien financier pour reconstruire l’économie et commencer les réformes ». Sans attendre le FMI, c’est déjà une concurrence sans merci entre entreprises anglaises, américaines, turques, françaises…. Les entreprises d’armement françaises sont contraintes d’afficher une certaine retenue alors que certaines sont accusées d’avoir vendu des équipements militaires et d‘espionnage à l’ancien régime. Mais le gouvernement Fillon se donne les moyens de rester dans la course. La Direction des Affaires Stratégiques du ministère de la Défense a ainsi encouragé l’implantation d’une cellule du cabinet EPEE (Experts partenaires pour l’entreprise à l’étranger) pour aider les patrons français à s’implanter. Depuis le 11 octobre 2011, un des responsables d’EPEE, Hugues de Samie, conseiller du commerce extérieur de la France et ancien officier supérieur de la Légion étrangère, est à Tripoli pour préparer le terrain. Le groupe Bouygues s’est dit intéressé. D’autres multinationales françaises, comme Veolia ou Suez seraient également déterminées à décrocher des contrats dans la gestion des importantes ressources d’eau du pays.

    Et pour les pays qui ont mené la guerre, les bénéfices ne se limitent pas aux contrats de la reconstruction libyenne. C’est un encouragement pour tous les industriels du secteur de l’armement. Le délégué général pour l’armement, Laurent Collet-Billon, déclarait ainsi : « En termes commerciaux, il n’y a pas de meilleure démonstration que ce type d’évènements. » De juteux contrats, comme la vente de Rafale avec les Émirats Arabes Unis, pourraient ainsi être conclus.

    La guerre sanglante menée en Libye – qui a fait des dizaines de victimes civiles qui n’ont même pas été toutes comptabilisées – reste une honteuse opération néo-coloniale à inscrire au bilan de Nicolas Sarkozy. Pour le peuple Libyen, une nouvelle lutte pour diriger par lui-même son propre avenir commence.


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