• Rassemblement devant le Sénat pour l'amnistie... par lepartidegauche


    François Delapierre aux Grandes Gueules sur RMC par lepartidegauche

     

     [...] le Medef et la droite traditionnelle ont toujours détesté les amnisties. Leur argumentaire tourne en boucle depuis plusieurs jours. L’amnistie serait un déni de justice : les faits imputés sont radicalement condamnables, on ne saurait les effacer. Car sinon ce serait un encouragement au saccage et aux violences. On connait. Le caractère exceptionnel des actes de violences physiques méritent mieux que cette idée lamentable selon laquelle les salariés sont une masse spontanément violente et déréglée, qui aime le chaos et la violence. C’est l’image éternelle de la bestialité des masses et de leurs porte-paroles. Cette imagerie fonctionne elle aussi comme une machine à faire symbole. Elle permet de masquer l’envers du décor : la violence patronale. Celle-là qui est la cause de la violence sociale de réplique reste toujours impunie quand, pour un pourcentage de profit supplémentaire, des centaines de gens sont condamnés à la mort sociale. Elle masque aussi la violence que les salariés retournent contre eux avec le suicide. Elle met seulement en scène une violence fantasmée. Manuel Valls a été spécialement loin quand il a asséné, à la radio, qu’on ne pouvait pas « accepter que l’outil de travail soit détruit ». On voit l’image ! Mais où cela a-t-il eu lieu au cours des dix dernières années ? Ou des salariés ont-ils dévasté leur entreprise ou cassé leurs machines ? En fait c’est tout le contraire ! Ce sont les patrons voyous qui ont détruit l’outil de travail avec le déménagement sauvage de machines ! Ou avec la délocalisation de production. On voit que l’amnistie nous amène au cœur de l’affrontement des symboles et des rapports de force entre les intérêts en jeu dans la production et la répartition de la richesse.

    Extrait du blog de J-L Mélenchon


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  • Olivier Dartigolles s'en est pris cette semaine au "style" de Jean-Luc Mélenchon. Mais la divergence qu'il exprime est politique.

    Olivier Dartigolles a exprimé à trois reprises cette semaine, dans deux communiqués et un entretien avec le journal Libération, son désaccord avec l’appel de Jean-Luc Mélenchon à arracher l’amnistie sociale au PS et à François Hollande. « J’aime beaucoup Jean-Luc mais »… le porte-parole du PCF présente sa divergence comme une question de style, et au final de personne. Réduire nos discussions à des questions individuelles, comme le faisaient jusqu’ici uniquement et systématiquement nos adversaires, c’est nous tirer vers le bas… et dans le dos. Car les querelles incompréhensibles et dérisoires formatées pour des rubriques « politique » en réalité dépolitisantes nous abaissent tous.

    Il faut plutôt aller aux questions de fond. Reconnaitre l’existence des points de vue différents, qui existent parmi nous, permet à chaque personne qui s’intéresse au Front de Gauche de se faire sa propre opinion et de dire de quel côté elle penche. C’est aussi là une manière pour ceux qui le souhaitent de s’impliquer. En assumant ses débats, le Front de Gauche fait œuvre d’éducation populaire, en rupture avec la superficialité de la pipolitique comme avec les façades de marbre des organisations du siècle dernier. Par exemple, nous n’avons jamais cherché à cacher le désaccord entre le PC et le PG sur le nucléaire ou l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. À partir de là, chacun peut défendre son point de vue intégralement et sereinement. Et nous pouvons chercher tous ensemble les synthèses dynamiques. Nous n’y arrivons pas toujours : sur le nucléaire, nous y sommes parvenus, sur NDDL, non. Mais dans tous les cas cela vaut mieux que la langue de fonte ou les agressions byzantines.

    Laissons donc les discussions sur le « style » de Jean-Luc aux experts en com’ et autres sondeurs. De plus Jean-Luc n’est pas le porte-parole du Front de Gauche. Olivier ne l’ignore pas puisqu’il a combattu avec acharnement cette idée. Jean-Luc porte la parole de ceux qui sont d’accord pour qu’il la porte. C’est le cas, bien sûr, de ses camarades du Parti de Gauche. La manière dont il exerce ce mandat est donc notre affaire, de même que l’action des dirigeants du PCF est l’affaire des adhérents du PCF. D’ailleurs, le style de Jean-Luc convient parfaitement à la ligne politique qui est la nôtre au PG :  « on lâche rien » et « qu’ils s’en aillent tous ! ».

    Voilà qui nous ramène donc à la politique. Quel est le débat entre nous ? Olivier Dartigolles pense que nous pourrions obtenir des avancées de la part du PS en baissant d’un ton, en prenant nos distances avec l’opposition sans concession exprimée par Jean-Luc, en plaidant habilement notre cause dans les Assemblées parlementaires. Nous pensons au Parti de Gauche que nous n’obtiendrons rien sans rapport de forces, et qu’il faudra tout arracher par l’intervention populaire. L’amnistie sociale le prouve amplement. Nous l’avons d’abord demandée à François Hollande, en tête à tête à deux reprises quand il reçut Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard, les co-présidents du Parti de Gauche dans le cadre d’une consultation de tous les partis. Je suppose que Pierre Laurent en fît autant quand il rencontra François Hollande dans les mêmes occasions, mais aussi lors de ses entrevues régulières avec Jean-Marc Ayrault et Harlem Désir. Je ne peux parler que des échanges avec le président, car ce sont ceux où nous étions présents. À chaque fois, Hollande se joua de nous. Il manifesta son intérêt, s’étonna de n’avoir jamais été saisi, promit de s’en occuper sans tarder. Au final, il est le seul président de la Cinquième République avec Sarkozy à ne pas avoir décidé d’amnistie au lendemain de son élection. Il fallut l’inscrire dans une niche parlementaire pour que la question fût débattue au Sénat. Le gouvernement a refusé de soutenir la loi, s’en remettant à la « sagesse du Sénat ». Il fallut sans doute l’opiniâtreté de la Garde des Sceaux Christiane Taubira pour éviter le rejet que Valls et Ayrault souhaitaient ardemment.

    Pendant toute la discussion, que j’ai suivie depuis les tribunes, le PS a cherché à vider la loi de son contenu. « Le pardon n’est pas l’absolution » déclara l’oratrice du groupe socialiste, Virginie Klès. C’est une amnistie pour hier, « pas pour demain » insista-t-elle. Car dans les couloirs, cher Olivier, les lobbys sont plus forts que nous. Leurs amabilités et leurs menaces trouvent vite une oreille attentive. Quant aux coups de fouet humiliants des agences de notation ou des commissaires européens, qui eux n’émanent pas de personnes légitimées par le suffrage universel, ils ne provoquent jamais l’indignation du pouvoir PS. Les faucheurs d’OGM ont donc été exclus du bénéfice de l’amnistie par les amendements du PS. Les antipubs aussi. Les désobéissants de même. Les militants de RESF également. Ils sont mal vus par Valls. Pareil pour ceux qui se sont opposés à la base élève. Alors que Le Monde parle d’un millier de personnes concernées par le texte d’origine, il n’y aurait au final que quelques dizaines de cas visés par la version amendée, selon l’estimation de Christiane Taubira.

    Toutes ces personnes exclues de l’amnistie et abandonnées à leurs condamnations ont pourtant résisté à des lois que le PS jugeait, quand il était dans l’opposition, contraires aux principes de notre République. Que leur dire aujourd’hui ? Que les sénateurs communistes ne sont pas parvenus à les défendre faute d’ardeur ou d’habileté ? Ce ne serait pas juste. Eliane Assansi a clairement désavoué l’exclusion de ces militants et déclaré avec beaucoup de force que leur cause n’était pas moins légitime que celle des salariés en lutte. Nous leur devons donc la vérité. Après l’intervention de Jean-Luc Mélenchon, de nombreuses permanences parlementaires ont été assaillies par des appels de syndicalistes. Nous avons donc tordu un bras au PS et à Hollande. Il faut maintenant tordre le deuxième. Seuls les militants des secteurs exclus de ce texte amendé contre notre avis peuvent en se mobilisant arracher une amnistie complète. Le Front de Gauche est leur instrument dans ce combat. Il le fait en appelant à l’action et en traduisant dans l’enceinte parlementaire le rapport de forces que nous construisons tous ensemble dans le pays. Mais il ne peut s’y substituer. Car pour l’heure nous ne sommes pas majoritaires dans les Assemblées.

    Tout ce que nous obtiendrons le sera par la lutte. Sans faux-semblants ni concessions. À visage découvert et drapeau au vent. Comme le fait un leader de grève, nous disons aux nôtres où nous en sommes à chaque étape du combat, afin de permettre à chacun de s’approprier la lutte et d’en être un acteur informé. Nous n’aurions rien obtenu au Sénat sans hausser le ton. Si tu crois le contraire Olivier, c’est que tu te laisses endormir par de belles paroles. À moins que cela ne soit autant de gages donnés pour une stratégie locale à laquelle nous ne souhaitons pas être mêlés. Matignon et l’Intérieur ont été à la manœuvre sans relâche pour entraver l’adoption. À peine t’avait-il félicité que Carvounas, l’homme qui compara le PCF au FN, proche de Valls, recrachait tout cru sur France Inter l’argumentaire de son ministre de tutelle limitant drastiquement la portée de l’amnistie. Pour eux, il s’agissait de ne surtout pas donner un signal de résistance et de combat, de passer l’éponge sur les militants des luttes terminées mais pas de celles en cours, de ne pas encourager la contestation sociale comme s’en inquiétaient d’ailleurs les sénateurs de droite.

    Ce que je dis là est tout à fait dans la ligne du texte stratégie du Front de Gauche et même de celui que le PCF adopta à son Congrès. Je ne méconnais pas les ambiguïtés qui y persistent sur la stratégie pour les municipales. Mais sur la ligne générale, la prise de distance avec la thèse selon laquelle le rôle du Front de Gauche serait de peser au sein de la majorité de François Hollande est nette dans le texte final. Cette thèse ressurgit aujourd’hui à travers l’offensive menée par Olivier Dartigolles. Je sais que c’est une sensibilité qui existe dans le PCF. Ce n’est pas parce qu’elle est privée de figure de proue qu’elle a disparu. Ce serait plutôt pour certains une puissante incitation à l’incarner. D’autant qu’elle est sans doute en alerte à la veille de municipales qu’elle envisage dans la majorité des villes dans le sillage de têtes de listes PS. Olivier Dartigolles aspire visiblement à être leur porte-parole davantage que celui du texte majoritaire du PCF. Ces jeux internes ne me regardent pas. Mais le Front de Gauche a le droit à un débat politique honnête.

     

    Par François Delapierre


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