• Daniel Cohn-Bendit, l’écologie et l’innovation politique…

    Qui songerait contester à Daniel Cohn-Bendit son sens de l’opportunité politique et son talent à faire miroiter l’air du temps ? Le 22 mars, bien sûr (clin d’œil à l’histoire), dans Libération, évidemment, il a propulsé un appel à la constitution de « collectifs Europe-Écologie-22 mars ».

    La bonne fenêtre de tir politico-médiatique. Au lendemain d’une élection qui apportait une double confirmation. D’une part l’installation dans le paysage politique de la force écologiste. D’autre part l’écart grandissant, dont témoigne l’abstention, entre les réalités sociales et les représentations politiques.

    Daniel Cohn-Bendit, maître du verbe, a beau jeu de croquer la crise : « Le divorce démocratique est profond entre des logiques partidaires complètement déracinées qui fonctionnent en hors sol et une société active, diverse, créative mais sans illusion sur la nature et les formes du pouvoir qui s’exerce sur elle ». Et d’une formule aussi expéditive que définitive d’apporter sa réponse au problème : « Incarner l’écologie politique dans un corps nouveau, une forme politique largement inédite, décloisonnée, pour mener la transformation de la société ».

    Et inutile de se gausser du flou vaporeux de la construction proposée. Ce serait ne pas comprendre que telle est l’essence même du projet, incessamment répétée avec lyrisme. « Les enjeux du XXIe siècle appellent à une métamorphose, à un réagencement de la forme même du politique ». « La démocratie exige une organisation qui respecte la pluralité et la singularité de ses composantes. Une biodiversité sociale et culturelle, directement animée par la vitalité de ses expériences et de ses idées ». « J’imagine une organisation polinisatrice, qui butine les idées, les transporte et féconde avec d’autres parties du corps social »…

    Tout est mouvement, donc. Mais le baroque a aussi ses règles.

    D’abord l’impératif d’en finir avec les partis, qui aujourd’hui « se réduisent le plus souvent à des structures isolées de la société, stérilisées par de strictes logiques de conquête du pouvoir, incapables de penser et d’accompagner le changement social, encore moins d’y contribuer. »

    Mais les Verts, diront d’aucuns, n’est-ce pas un parti ? Justement !

    Ensuite : pour changer la politique, rien n’interdit de recourir à ses vieilles recettes, ruses et autres coups tordus. Par exemple, précisément, celui du « Je t’embrasse d’autant plus chaleureusement que je veux t’étouffer » !

    Donc vive la dynamique des collectifs, les agoras de l’écologie sur internet , et en avant vers une Coopérative… L’intention étant de faire grandir Europe-Écologie, cet « objet politique assez inclassable ». « L’enjeu de la maturité, c’est sa métamorphose en véritable sujet politique, écologiste, autonome, transcendant les vieilles cultures politiques ».

    Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé  de grimacer. Et Corinne Lepage, Antoine Waechter et Noël Mamère de sourire… Le Modem  étant à terre pour le moment c’est peut être alors par cette voie que peut passer la recomposition au centre en accueillant ,faute de mieux pour l’instant, une avant-garde de quelques « démocrates» subtilement teintés de vert.

    Pourtant, suffit-il de déclarer ringards les partis politiques et obsolète le clivage gauche-droite, de se taire sur les affrontements de classe en cours et sur la crise politique ouverte,  pour pouvoir promettre une perspective radieuse parce que nouvelle ?

     

    Gauche unitaire


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