• De l'absurdité de l'euro plus

    Ce qui est absurde dans la situation qui résulte pour toute l’Europe de ce qui se passe en Grèce c’est que les mesures ne sont pas prises pour empêcher l’effet domino. Je veux dire dans les autres pays qui se trouvent menacés du fait des causes exactement similaires qui existent partout et produiront sans aucun doute le même résultat que celui qui s’est produit en Grèce.

      On me dit que c’est précisément le but du plan d’austérité « euro plus ». Je crois que c’est totalement absurde. La contraction de l’économie que va provoquer ce plan est une certitude. Comment dans ce cas remplir les caisses publiques d’impôts et de taxes si le nombre des transactions diminue et si le nombre des personnes en état de les payer diminue lui aussi ? D’une part l’État de plus en plus pauvre se désagrège. La société se disloque. Faute de ressources, le déficit de l’État s’accroît, la dette augmente et son financement coûte de plus en plus cher accroissant encore mécaniquement la dette. On connaît, c’est le cas grec. Alors que le déficit du budget de ce pays a à peine augmenté cette année après les coupes claires pratiquées, la part de la dette par rapport à la richesse produite, elle, a augmenté de plus de dix points du seul fait de l’augmentation des taux d’intérêt ! D’autre part, les personnes privées, privées d’emploi, les commerçants sans activité, et tout le maillage de base de la production et de l’échange en quelque sorte, qui ne peuvent plus payer leur dette menacent le système bancaire. Après tout c’est cela qui s’est passé avec la crise des subprimes aux USA. Au bout de ce chemin c’est le système lui-même qui s’écroule. On croit gagner du temps en étranglant tout doucement la Grèce pour éviter qu’elle se mette en défaut de paiement et ne coule les cinq grosses banques européennes dont elle est la cliente. Erreur, avons-nous démontré mille fois. Les artisans de ce plan ne peuvent l’ignorer. Je me dis : ils le savent, alors pourquoi n’en tiennent-ils aucun compte ? Pourquoi ne nous donnent-ils pas raison et ne permettent-ils pas que notre plan B s’applique dans leur propre intérêt ? Racheter la dette grecque et ouvrir les vannes de l’emprunt à taux zéro pour les autres pays pris à la gorge ne coûte rien pour finir et éteint d’un coup l’incendie.

    Si notre plan B était appliqué que  se passerait-il ? De l’inflation hurle la banque centrale européenne. Nous dirions "et alors ?". Où est le problème de l’inflation? Les sommes en cause ne feraient pas exploser cette inflation. Elle produirait juste une dévaluation raisonnable de  l’euro par rapport aux autres monnaies. Et alors ? Ce serait juste une prime à l’exportation des marchandises européennes, donc un effet de relance. Bien sûr il y a un aspect très ubuesque. La banque centrale rachèterait des titres de dette grecque aux banques qui les possèdent… grâce aux emprunts qu’elles ont fait elles-mêmes à la banque centrale, et… au prix exorbitant qu’ils ont coûté à la Grèce… Mais du moins ces établissements retrouveraient leur mise et il n’y aurait pas de panique ni d’effondrement. Il sera toujours temps de les taxer sur ces profits exceptionnels. L’empêchement n’est donc nullement comptable. Seulement politique. Faire cela c’est changer le statut de la BCE. L’horreur pour les libéraux. Car si on commence là, où ira-t-on ensuite ? Donc ils préfèrent s’arcbouter sur la défense de ce qui est. Même si cela doit pour finir tout faire tomber.

    Jean-Luc Mélenchon


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