• Espagne : Les Indignés en quête d’un second souffle

    Un an après les rassemblements à la Puerta del Sol à Madrid, mobilisation, ce 12 mai, en Espagne et dans le monde. Outre-Pyrénées, le mouvement dénonce l’austérité de la droite.

    Barcelone (Espagne), envoyée spéciale. Il est à peine vingt heures. On s’affaire à installer des chaises. Et puis très vite, l’assemblée générale de Clot commence. Les 10 milliards de coupes budgétaires dans la santé et l’éducation animent la trentaine de voisins de ce quartier du nord de Barcelone. Les participants ajustent, aussi, les derniers préparatifs pour la manifestation « globale » du 12 mai. « Prend la rue ». C’est sous cette bannière que le Mouvement du 15 mai et nombre de collectifs sociaux redescendent, ce samedi, dans les rues. En Espagne, bien sûr, là où l’indignation sociale et politique a explosé il y a un an, et mais également à travers à la planète.

    Frustrations inchangées

    « Ce n’est pas un anniversaire, ni une fête », recadre Claudia, de Démocratie réelle maintenant (DRY), qui fut à l’origine du premier rassemblement. « Il y a un an, on a rendu visible le mal-être, poursuit cette enseignante. On a assisté à la politisation de la société. Aujourd’hui, il nous faut voir ce que nous avons travaillé, et ce qui a grandi. » Ou non, d’ailleurs. Comme elle, qui n’avait « jamais milité dans aucune organisation », précise-t-elle, des centaines de milliers d’Espagnols ont investi les places publiques pour crier leur exaspération de la crise économique et de ses responsables politiques.

    « Il est étrange que cela n’ait pas explosé avant », soutient José Iglesias, en allusion aux millions de chômeurs. Ce journaliste qui se revendique comme un militant de gauche de longue date estime que l’appel de DRY a agi « comme un détonateur, au sein d’une classe moyenne » mieux formée, après le retour de la démocratie, mais également grande sacrifiée de la crise. L’accès à l’éducation, au logement et à la santé publique et de qualité, le refus de la précarité et de la réforme du marché du travail sont quelques-unes des « raisons » des marches 
de ce samedi.

    Les frustrations et les revendications restent inchangées. Le contexte socio-économique, lui, s’est aggravé. Depuis 120 jours, le gouvernement du Parti populaire de Mariano ­Rajoy matraque l’austérité sur tous les fronts. Le chômage touche un actif sur quatre, et pourrait dépasser les six millions avant la fin de l’année. Claudia y voit « une stratégie de la peur qui crée de la désespérance ». Ce qui, reconnaît-elle, n’est pas « sans avoir limité notre capacité d’action ». Durant douze mois pourtant, le Mouvement du 15 mai est parvenu à faire obstacle à plus de 200 expulsions à Madrid. Il s’est investi dans les différents collectifs qui ont vu le jour contre les coupes budgétaires dans la santé et l’éducation. DRY avance la proposition d’« un plan de sauvetage citoyen », en allusion aux renflouements des banques par l’exécutif. Mais cela sera-t-il ­suffisant ? Un an plus tard, ­l’enjeu du rapport de forces pour imposer, avec la gauche alternative et les syndicats, d’autres politiques, reste posé. « On ne peut éternellement repousser le débat sur qui nous sommes et où nous voulons aller, s’agace José Iglesias. Il y va de la survie du mouvement. » Quoi qu’il en soit, cela ne compromettra pas le succès espéré des marches de ce samedi, car, glisse-t-il, en quittant l’assemblée générale, « le mécontentement de la société est si grand »…

    L'Humanité


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