Les Espagnols ont voté. Le parti socialiste paie sa politique d'austérité frappant en premier lieu les travailleurs salariés, les retraités, les chômeurs etc.. Paradoxalement la droite l'emporte alors qu'elle poussera plus loin la politique d'austérité. Il n'est pas douteux que les Espagnols, pour grande partie, ont fait payer au PSOE et son renoncement à porter haut l'étendard de la justice sociale et sa capitulation devant les marchés financiers. Ce faisant, ils tendent le knout qui va les cingler plus fort encore à ceux qui fricotent avec la finance. Ce constat serait désespérant si la réalité politique espagnole ne se réduisait qu'à ces deux partis largement favorisés par le mode d'élection qui permet qu'un parti (PSOE) recueillant quatre fois plus de voix qu'un autre (IU) se voie attribuer dix fois plus de députés, ce qui marque les limites du concept "démocratie", cette démocratie fût-elle simplement représentative.

Malgré l'ample courant de sympathie et de soutien qu'inspire le mouvement des indignés, celui-ci ne débouche pas sur un vote qui a minima aurait pu renvoyer dos à dos les deux grandes forces politiques qui se partagent les rênes du pouvoir en leur préférant majoritairement d'autres forces plus en phase avec leurs aspirations. Mais ces forces existent-elles ? Nous pensons qu'une organisation telle qu'Izquierda Unida est l'une d'elles (11 députés au lieu de 2 en 2004, un gain de 700 000 voix), elle en est l'illustration. Nous imaginons la difficulté qui doit être la sienne à propulser et à faire entendre ses propositions de rupture avec le système existant et c'est pourquoi sa remarquable avancée est un encouragement pour nous, en France, où existe cet outil politique qu'est le Front de Gauche, seule véritable force politique d'une gauche qui affirme une authentique volonté de rupture avec toute forme de compromission avec le capitalisme financier et qui impulse un mouvement d'initiative populaire conquérant en mettant au coeur de sa réflexion et de son action "l'humain d'abord".

Daniel Mérino