• Est-ce réaliste de voter Mélenchon ? Est-ce ignorer la crise ?

     « Les Français sont insouciants, ils ignorent la crise »  (dixit la presse)

    Il est de bon ton dans la presse française et même au delà de nos frontières, de clamer que cette campagne présidentielle serait désespérément déconnectées des réalités. Les Français seraient dans une bulle, ils n'auraient toujours rien compris aux désordres mondiaux qui s'annoncent et s'accumulent, notamment sur le plan économique, rien compris à la crise financière : bref ils ignoreraient la crise.

     
    Les candidats, par crainte de les réveille, éviteraient d'aborder le sujet essentiel : la rigueur budgétaire. Ils feraient des promesses irresponsables au lieu de s'en tenir à promettre l'austérité : du coup les Français s’apprêteraient à voter avec légèreté, insouciance, etc. Bref une élection pour rien à la sortie de laquelle le pays resteraient toujours aussi mal armé pour affronter la tourmente financière.

    Voilà le discours convenu.


    Et sur quels indices se fonde ce discours ?

    Le candidat Sarkozy ne roule-t-il pas assez pour le compte de la politique d'austérité néolibérale ? Et Bayrou, ne promet-il pas assez de coupes budgétaires, pas assez « de sang et de larmes » ? Et Hollande, n'a-t-il pas suffisamment fait allégeance auprès des Maîtres de la Finance de la City, ses promesses de nous soumettre à la règle d'or au plus vite ne sont-elles pas assez rassurantes ? Il y a pourtant un indice qui ne trompe pas et qui montre que tout au contraire les français sont de plus en plus nombreux à être conscients des enjeux réels de ces présidentielles : c'est la montée en puissance des votes pour le candidat du Front de Gauche, Mélenchon. Un vote qui est justement une réponse aux désordres de la mondialisation néolibérale, la seule réponse réaliste.

     

    Mélenchon réaliste ! Comment pouvoir traiter de réaliste le programme du Front de Gauche ?

    Il est réaliste, d'abord parce qu'il est cohérent, inscrit dans une logique qui rompt radicalement avec la pensée unique qui a conduit au désastre actuel, pensée unique divulguée par les idéologues, experts et économistes liés à la sphère financière mondiale, lesquels voudraient encore rester aux manettes.

    Quand on échoue, en principe, dans leur monde de compétition à outrance, la règle, n'est-ce pas d'être licencié, n'est-ce pas de laisser la place à ceux qui proposent autre chose ? Il semble que cette règle ne soit bonne que pour le «Vulgus pecum », pas pour eux !

    Si la seule vertu du programme du Front de Gauche était de proposer une alternative à une politique qui a échoué, ce serait déjà pas si mal, mais ce serait sans doute insuffisant, eu égard à la réalité de la crise à surmonter. Ce qui permet de traiter de réaliste le programme du Front de gauche c'est qu'il crée en même temps une force pour le réaliser, il crée un mouvement populaire solidaire qui constitue le moyen de poursuivre les objectifs en effet ambitieux de son programme.

    D'un coté, on vous propose de continuer une politique qui crée de l'inégalité, divise le corps social, met en compétition malsaine et faussée ses forces vives, pousse au repli sur soi, exacerbe les individualismes stériles, une politique qui ne peut plus trouver dans le corps social les appuis et les agents nécessaires à sa conduite. D'où la tentation de passer par dessus les corps intermédiaires, n'est- ce pas Monsieur sarkozy ?

    Une politique qui a peur du peuple, peur de sa souveraineté et qu'il faut donc de plus en plus mener en bafouant la démocratie : Une politique qui ne supporte même plus l'idée du référendum, sauf, évidemment, sur des sujets de nature à diviser un peu plus les gens.

     

    Reconstituer le corps social : c'est du réalisme, surtout quand on a la prétention de réclamer des efforts au plus grand nombre

    Le Front de Gauche prend en effet le contre-pied : il invite à la solidarité, il propose des objectifs et préconise des mesures de nature à reconstituer et souder le corps social, il crée les conditions d'une mobilisation citoyenne seule capable d'affronter la tempête qui s'annonce. Il permet qu'un Valmy soit possible face aux puissances d'argent destructrices. Il lève une armée de sans-culottes peut-être, bigarrée sans doute, mais une armée organisée, convaincue et déterminée, mobilisée, Seule une telle armée populaire peut se mettre au service de l'intérêt général et parvenir à surmonter les difficultés qu'un monde d'égoïsme à construit.

    Pas plus que la puissance impériale ne parvient à s'imposer durablement aux peuples qui résistent, y compris en usant de ses forces militaires largement supérieures sur le plan matériel, comme l'histoire du Vietnam, celles plus récentes de l'Irak et de l'Afghanistan le prouvent, pas plus les puissances de l'argent ne parviendront à asservir durablement les peuples, en dépit de leur puissance de feu financière, car pour la production des biens et services elles n'ont en main qu'un des facteurs, le capital : sans le travail, sans les infrastructures et les investissements matériels et immatériels (réseaux de communications, organisations et services publics, investissements éducatifs et formation professionnelle ...) assurés par les collectivités territoriales (Etats Régions ...) le capital tourne en rond dans des bulles financières successives, court comme un feu qui ravage des secteurs entiers de la production et finit par créer une forme de désertification dont lui-même devient la victime.

    Le réalisme est du coté du Front de Gauche dans ces présidentielles, son audience croissante en est à la fois le signe et la preuve , car, contrairement à ce que l'on veut bien dire et répéter, les Français sont de plus en plus conscients des réalités de la mondialisation et de ses effets. La preuve, ils sont en train de se donner les moyens d'y faire face, la preuve en est leur intérêt pour le programme présenté par le candidat Mélenchon

     

    Pourtant, Mélenchon ne promet pas de lendemains qui chantent …

    Le candidat Mélenchon ne leur promet pourtant pas des lendemains qui chantent, sans combat, des jours tranquilles. Il sait, et le dit sans détour : les armées de la finance internationale se font actuellement discrètes, mais elles sont déjà cantonnées aux frontières, et quel que soit l'élu, dès les présidentielles passées, elles se lanceront à l'attaque des bastions sociaux et continueront leur matraquage pour fragmenter toujours plus le corps social, l'affaiblir, le disperser, le rendre autant que possible incapable de faire front.

    Les forces du capital ont l'avantage de la mobilité, elles sont capable d'une guerre éclaire sur plusieurs fronts et ont de fortes positions sur le plan de l'information grâce à leurs agents infiltrés dans toutes les sphères de la politique et des médias dominants.

    Qu'on lise pour s'en convaincre Circus Politicus : (Christophe DELOIRE et Christophe DUBOIS - Edition Albin Michel février 2012).

    Leur position dominante « d 'experts » permet aux forces du capital international de manipuler les gouvernements des démocraties en leur conseillant la construction de lignes Maginot, quand elles savent déjà comment les contourner.

    La politique défensive et statique de l'austérité est la principale ligne Maginot qu'elles poussent les États à construire : coûteuse, inefficace, inadaptée, son seul objet est de faire croire cette politique d'austérité indépassable, comme la ligne Maginot était réputée infranchissable.

    Qui sont les irréalistes ? Ceux qui croient se mettre à l'abri derrière de telles lignes Maginot, ou ceux qui lèvent une force populaire et sociale organisée pour résister pied à pied en chaque point du territoire, capable de défendre chaque bastion et également capable de passer à l'attaque, de se projeter dans les lignes adversaires et porter des coups.

    La majeure partie des mesures proposées par le Front de Gauche sont des armes données aux forces vives, agissantes, entreprenantes et créatrices de la société pour résister, combattre et contre-attaquer.

     

    Affronter la finance, domestiquer sa force folle et aveugle, la remettre à sa place

    Oui affronter la finance, faire front avec le soutien démocratique des peuples est la seule riposte politique réaliste. L'affronter non pas pour la réduire à néant, mais pour la dompter, l'endiguer, la remettre à sa place, la domestiquer à nouveau, comme elle le fut après la guerre, mais évidemment avec d'autres armes législatives, d'autres régulations adaptées au contexte du 21 ème siècle.

    Ce qui veut dire en particulier intégrer ce que l'on sait des méfaits d'un productivisme débridé, aveugle, seulement propulsé par le profit maximum immédiat et qui épuise la planète, la met en danger de mort. Pour le dire autrement, en imposant une planification écologique, une planification intelligemment déconcentrée et/ou décentralisée. Aucun archaïsme la dedans ! Bien au contraire !

    Qui d'autre que le pouvoir politique peut, aux différents niveaux territoriaux, organiser et imposer cette planification ? Il faut, pour le faire, regarder plus loin que le prochain cours boursier, il faut regarder au delà des frontières, au delà des générations. Laisser la finance internationale divaguer au gré de ses bulles, c'est la laisser dévaster la planète comme le ferait un fleuve d'une vallée aux rythmes capricieux de ses crus. Où est le réalisme ? Du coté de ceux qui veulent construire des digues ou du coté de ceux qui prient le ciel pour que la météo soit clémente ? Du coté de ceux qui veulent domestiquer la finance ou de ceux qui font confiance à la finance pour se dompter elle-même ? Comment ne pas voir qu'elle en est incapable, quand l'histoire récente en est la triste illustration. Qu'on pense à la Gréce !

     

    Faire preuve de réalisme, c'est se doter des moyens de réaliser : pas de sortie de crise du capitalisme financier sans mobilisation des forces vives du travail.

    Et pour construire les digues, comme toujours, il faut une vraie mobilisation, rendre solidaire tous les riverains du fleuve tout au long de son cours. Là où les gens restent dispersées, chacun regardant son petit lopin, il est impossible de construire la digue, impossible de coloniser durablement de bonnes terres.

    Le programme du Front de Gauche, présenté par le candidat Mélenchon est le plan de construction des digues nécessaires pour domestiquer les forces du capital, les ramener à leur rôle.

    Les architectes du plan des digues contre les excès du capitalisme financier du Front de Gauche ne sont pas les premiers venus, (Jacques Généreux par exemple et bien d'autres) , les chefs de chantiers non plus et surtout, le Front de Gauche est en train de lever la force de travail indispensable pour les réaliser : il dote ainsi sont projet du moyen de le réaliser.

     

    L'atout majeur : un peuple averti, mature, prêt à se mobiliser pour permettre une sortie de la crise par le haut

    Proposer des objectifs mobilisateurs, ambitieux, dans le cadre d'un programme cohérent et compris, et se doter des forces vives pour le réaliser en s'appuyant sur des valeurs humaines positives et efficaces (*), partagées par le plus grand nombre parce qu'au profit de tous, c'est l'atout majeur, le seul qui puisse permettre une sortie vers le haut de la crise. C'est faire preuve de réalisme. Tel est le programme du candidat Mélenchon, c'est la raison de son adhésion populaire croissante, c'est l'indice d'une prise de conscience réelle et réaliste des français sur la nature et la gravité de la crise, mais aussi la preuve de sa maturité : un peuple prêt à l'effort, prêt au combat, mobilisé. Qu'on demande à ceux qui ont les moyens de contribuer financièrement, le peuple, dont les finances sont exangue est quant à lui prêt à retrousser les manches pour permettre une sortie de la crise par le haut. C'est tout le sens du programme du Front de Gauche : simplement réaliste

    (*) Ces valeurs humaines positives efficace sont connues, elles ont pour nom  ; égalité et justice, liberté et bien sûr fraternité et solidarité. En les revalorisant, en les développant, le Front de Gauche construit les conditions de l'indispensable mobilisation populaire.

    Médiapart


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