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La Cinquième se défend, la campagne se tend
Quelle tristesse de voir une pluie de coups venus de la gauche s’abattre sur le Front de Gauche depuis qu’un sondage nous a annoncés devant Marine Le Pen ! A croire que beaucoup regrettent le confort de situation que représentait la menace FN.
L’injure remplace parfois l’accusation désormais dépassée de faire le jeu de l’extrême-droite. Faut-il que les Le Pen aient contaminé les esprits pour que les plus excessifs des dirigeants du PS reprennent contre nous leurs principaux « arguments » ! Mélenchon c’est l’URSS et même le Cambodge ose Collomb dans une version parfumée du Mélenchon au « sang sur les mains » de Jean-Marie Le Pen. Parmi les trois propositions du Front de gauche que Fabius propose de mettre en avant pour la combattre, on trouve la régularisation des sans-papiers... Ambiance.
Chez les proches de Hollande, c’est plutôt le mépris qui domine. Le candidat du Front de Gauche serait un Père Noël show-man distribuant cadeaux verbaux et bons mots enflammés. La caricature vise en fait le peuple lui-même décrit comme une foule stupide, enfant en politique, venue se repaître d’un phénomène de foire. C’est le même mépris qu’en 2005 devant la montée du « non » de gauche. Et la même incompréhension devant ce qui se passe. Qu’importe que les meetings du Front de Gauche soient de grands moments d’éducation populaire, d’une richesse de contenu que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Qu’importe si les foules attentives qui s’y massent ne brandissent pas des panneaux Mélenchon président. Qu’importe que le programme du Front de Gauche, publié dès septembre dernier, ait été vendu à plus de 320 000 exemplaires.
L’antienne selon laquelle la progression du Front de Gauche menacerait de faire perdre la gauche ne vaut pas davantage. Elle est contraire aux sondages censés l’étayer. La dernière enquête qui affole le monde politique en annonçant Jean-Luc Mélenchon à 15% donne un total gauche de 46%. Un niveau sans précédent depuis 1988, meilleure élection présidentielle pour la gauche de toute la Cinquième République. Oui mais Hollande va devoir se gauchiser et au second tour cela va effrayer les centristes, serinent les éditorialistes. Les mêmes se réjouissaient il y a peu du cours centriste de Hollande et aucun ne s’inquiétait alors de la distance que cela creusait avec l’électorat de l’autre gauche. Pas de naïveté. Ce ne sont pas des commentaires, c’est une campagne. La droite qui compte, la droite économique, a donné le signal par la voix de Laurence Parisot dénonçant Mélenchon-la-Terreur. Les éditocrates suivent les uns après les autres. Le délai de réaction dit la longueur de la laisse.
La marche du 18 mars pour la Sixième République a été un puissant coup de boutoir. C’est la première fois que la Cinquième République a été ainsi ébranlée. Alors elle se défend. Tous ceux qui se sont coulés dans ce système, qui ont intégré sa culture profonde, tenir le peuple en enfance sous l’autorité d’un président père du pays, qui ont placé leurs intérêts au cœur de l’Etat, qui ont réussi sans débat public à remplacer la devise Liberté Egalité Fraternité par concurrence libre et non faussée, tous ceux-là prennent peur. Ils ont raison ! We are dangerous. Le rêve d’un match truqué entre l’austérité de droite et la rigueur de gauche qui les laisserait tranquilles est en train de s’effondrer. Les puissants tremblent parce que le peuple est de retour.
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