-
Le blog de J-L Mélenchon : On continue ! On ne lâche rien !
A u milieu du gué. De quel côté la situation va-t-elle rebondir? J'en parle ici. Puis de la sortie de mon livre "qu'ils s'en aillent tous!" Et de l'affligeante "affaire Pujadas". Elle me vaut d'être assimilé à Le Pen par madame Ruth Elkrief qui déclare sur BFM-TV ne pas voir de différence entre lui et moi. Si bien que je décide de renoncer à l'entretien que je devais avoir avec elle vendredi soir à BFM. Il est évident, pour moi, que les conditions d'une discussion sereine ne sont plus réunies. Et je vous apprends, si vous ne le saviez que le ministre Woerth vient d'autoriser le licenciement de Xavier Mathieu, délégué syndical CGT des Conti et porte-parole de leur lutte.
Samedi on remet ça. Nos syndicats nous appellent à manifester. Il faut suivre la consigne. C’est maintenant que ça se joue. Le pouvoir est peut-être mené par un homme qui ne se soucie d’aucune des conséquences de ses actes, il n’en reste pas moins que les Français ne sont pas de la pâte molle qu’il peut pétrir à sa guise. En mettant le pays dans impasse, il s’y met lui-aussi. Et personne ne peut savoir à cette heure comment tout cela finira. De notre côté l’important est de rester groupés. Le risque est l’éclatement entre ceux qui sont les plus avancés dans la lutte et ceux qui hésitent ou bien sont empêchés de participer à la lutte à cause de leurs difficultés. Peut-être pourrions-nous appeler, partis de gauche et syndicats ensemble, à faire une manifestation nationale, une montée à Paris, qui mobilise des centaines de milliers de gens. Le pouvoir pourrait ainsi être confronté à une démonstration de force qui lui remette dans le nez les images de la mobilisation contre l’abrogation de la loi Falloux, ou bien celle que fit son propre camp contre l’école laïque en 1983. En tous cas nous avons besoin d’une étape encore après ce samedi. Il ne faut pas décrocher ! La stratégie syndicale s’est avérée être la bonne. Je crois que tout le monde devrait le reconnaître pour améliorer la confiance dans les rangs et renforcer l’autorité des syndicats dans le monde du travail et dans l’opinion. C’est autant de gagné pour la suite des évènements et pas que pour cette année, ni pour cette lutte.
La manifestation du 12 octobre avait des caractéristiques très nouvelles. Autant on avait senti celle du samedi 3 octobre grave et lourde, de bien des façons, cette fois-ci, il y avait une ambiance que rien ne laissait prévoir sous cette forme. La combativité était à un niveau très élevé. De sorte qu’on avait même l’impression parfois d’un côté joyeux. C’est un paradoxe car c’est la quatrième journée de paye perdue dans le combat. Toute l’après-midi les chiffres de participation qui montaient de province renforçaient le sentiment de force et de puissance. Donc nous pouvons dire que le mouvement est ascendant. L’élargissement spectaculaire à la jeunesse des lycées et des écoles est un seuil franchi qui s’avère décisif. Toute la manœuvre du pouvoir en vue de démoraliser les gens a échoué.
En particulier le moment ridicule au Sénat où les centristes, ces fourbes, ont fait avancer le vote des articles 5 et 6 avant l’article 1 pour que tout paraisse joué. François Delapierre interrogé sur le plateau de « Public Sénat » a rompu l’ambiance ronronnante du débat entre sénateurs. Il a pointé du doigt le rideau de fumée qui venait d’être dispersé. On était passé des annonces venant de tous côtés selon lesquelles les centristes seraient les facilitateurs de compromis à une autre où il était clair qu’ils se chargeaient eux-mêmes et avec enthousiasme de la salle besogne de l’UMP. On se souvient de François Hollande déclarant à « Dimanche + » que le Sénat pouvait être "le lieu du compromis". Belle intelligence de la situation !
Mon livre est en place. Les camarades ont collé les affiches un peu partout dans le pays et, dans le contexte, elles fonctionnaient davantage comme un appel à l’action que comme un appel à l’achat. Mais les achats ont démarré très fort dès le premier jour. Et dans la manifestation du 12 octobre, j’ai déjà fait mes premières dédicaces ! Grâce à l’opération de France Télévisions contre moi une super campagne de promotion a été réussie qui ne nous a pas couté un centime d’euro. Pour parler ici de ce livre, je vais publier, à la suite de ces lignes, l’entretien que j’ai mené avec Bruno Dive pour le journal « Sud-Ouest » paru dimanche 10 octobre et publié sous un titre clair.
« Mélenchon : « J'appelle à une révolution citoyenne »
Sud-Ouest: " Jean-Luc Mélenchon, on vous savait « grande gueule », mais là vous y allez fort ! Qu’est ce qui vous a pris ?
JLM: Ce n’est pas moi qui suis violent, c’est l’actualité ! Mon livre tombe à pic pour exprimer un ras-le-bol qui est général. Les gens n’en peuvent plus, ils n’ont plus confiance en rien ni en personne. Mon livre, c’est une contribution positive et enthousiaste, pour sortir de l’impasse totale actuelle. Quand vous dites : « qu’ils s’en aillent tous », qui sont « ils » ? Ce n’est pas un mot d’ordre de ma part, mais un pronostic. C’est ce qui va se passer, ce qui s’est déjà passé dans toute l’Amérique du sud, où une sorte d’aristocratie politique et financière était si gangrenée par l’argent, que les classes moyennes et populaires en sont venues à ce slogan. Vous verrez la même chose en France. Là aussi, les gens vont dire : « Qu’ils s’en aillent tous ! » Aussi bien les chefs des grandes entreprises dont les résultats sont désastreux, que les hommes politiques qui ne changent rien à la situation des gens, sauf en pire. Ça vaut aussi pour la police, la justice ou les médias. Les partants ne manqueront à personne. Parce que des gens disponibles pour faire mieux avec moins d’argent, il y en a beaucoup et dans tous les domaines.
Vous savez ce qu’on va vous dire : vous faites du populisme…
Je suis plus « populaire » que populiste. Le populisme, c’est la haine des élites. Ceux qu’il faut interpeller, ce sont les élites, pas la haine ! Comment se fait-il que dans ce pays, plus aucune autorité ne bénéficie d’aucune confiance, ni même de légitimité aux yeux de tous ?
Vous préconisez les coopératives, le vote collectif partout… Ça a un petit côté « le pouvoir aux soviets » ?
Je suis républicain, je crois à la démocratie représentative, et à l’élection. Y compris à la télévision, dans les entreprises ou dans les médias. C’est pourquoi la révolution que j’appelle de mes vœux est « citoyenne ». J’assume le mot de révolution, parce que je propose un nouveau rapport de forces, avec une nouvelle Constitution, un changement du régime de propriété. En effet, j’expulserai le capitalisme et la marchandisation de l’école, de la santé, et je propose une planification écologique. Mais cette révolution doit être faite par tous et pour le bien de tous.
Les révolutions, on sait comment ça commence mais pas comment ça finit…
Je vous renvoie la formule à propos du libéralisme. Qui a révolutionné le régime de la propriété dans notre pays en faisant basculer un immense secteur public vers le privé, qui dans les entreprises a mis au pouvoir les financiers et les commerciaux à la place des producteurs, et qui a fait basculer notre système politique dans l’hyperprésidentialisme. Ça finit comment ?
Comment expliquez-vous que les gens paraissent aussi résignés face à cette situation ?
Il n’y a que les gauchistes et les bourgeois pour croire que le peuple est une masse en ébullition permanente. Les uns pour l’encourager, les autres pour le craindre. En fait, la vie quotidienne est si dure qu’elle laisse peu d’espace pour penser au futur. Mais quand on voit la mobilisation massive et durable contre la réforme des retraites, on s’aperçoit que le peuple français est très politisé et représente une exception en Europe.
Vous dites aussi : « Rendez l’argent ». On fait comment ?
En 25 ans, dix points de la richesse totale produite par les Français sont passés de la poche des producteurs à celle des rentiers. Et cela alors que les gains de productivité ont fait un bond de 30% ! Ce détroussage représente 195 milliards par an. De quoi augmenter les salaires de 20% pour les 24 millions de salariés ! Je propose simplement, par le jeu des impôts ou des cotisations, de ramener les parts du gâteau à ce qu’elles étaient il y a 25 ans. Ce n’est tout de même pas plonger la France dans le communisme de guerre !
Que vous inspire le jugement concernant Jérôme Kerviel ?
Ça me donne des idées. Si j’étais au pouvoir, je ferais voter des lois pour châtier rudement les parasites, du type Kerviel, et dissuader les jeunes gens de se sentir à ce point irresponsables. Cet homme est persuadé d’avoir fait son métier, sans jamais s’interroger sur le sens de celui-ci. Dans toutes les professions, il y a des limites. Il faut en mettre aussi chez les traders. La réforme des retraites va être votée… Elle est injuste et cruelle. Je dis au président de la République qui se rêve en sorte de Thatcher du 21è siècle pour faire mettre aux salariés un genou à terre qu’il a déjà échoué. Il a perdu la bataille de l’opinion, et mis en route un processus dans lequel les tensions ne font que s’exacerber.
Souhaitez-vous une grève reconductible ?
Les gens qui se lancent dans une grève y réfléchissent à deux fois, parce qu’ils y jouent leur paie. S’ils décident de le faire, c’est donc qu’ils auront de bonnes raisons. Je ne m’en mêle pas. Ce que décideront les travailleurs me convient.
Vous voulez être le candidat du Front de gauche (dont fait partie le PC) à la présidentielle, mais le parti communiste ne semble pas vouloir de vous…
J’ai dit que je me sentais capable d’être candidat. Mais ce n’est pas une aventure personnelle Ne vous fiez pas aux impressions ! Il y aura un candidat commun du Front de gauche ; j’espère que nous trouverons le moyen de ne pas nous ridiculiser dans des primaires.
Avez-vous une préférence parmi les candidats socialistes ?
J’ai quitté le PS et je ne me permettrais donc pas de me mêler du choix de son candidat. Je dis simplement que si on nous propose la politique économique du FMI avec Strauss-Kahn ou la réforme des retraites façon Sarkozy avec Martine Aubry, il y a peu de chances pour que toute la gauche se rassemble au second tour. Je mets les socialistes en garde: tout le monde ne passera pas sous leurs fourches caudines.
Mais s’il y a un second tour Sarkozy Strauss-Kahn, vous finirez par voter Strauss-Kahn ?
Et si au second tour, c’est Mélenchon face à Sarkozy, est-ce que Strauss-Kahn va voter pour moi ? Posez-lui la question ! Je rappelle que quand la social-démocratie – on l’a vu en Amérique du sud – a le choix entre l’autre gauche et la droite, elle choisit la droite."
J'en viens à cette affaire à deux balles: Pujadas "insulté". Tout s’est passé comme prévu dans ma précédente note. Après avoir eux-mêmes allumé l’incendie, les gens de meute s’y sont brulé les doigts. Des milliers de personnes sont allés voir sur Dailymotion la soi-disant agression contre Pujadas et tous en sont revenus avec la même appréciation sartrienne de la façon dont cet homme avait conduit son interview de Xavier Mathieu le délégué CGT de Continental. Ici et là ont aussitôt fleuri des commentaires inspirés sur mon « populisme », modulé par des ignorants qui ignorent jusqu’au sens du mot mais dont la haine du populaire suinte entre les lignes. Quand tout ça a commencé à retomber il ne restait plus que la musique de fond selon laquelle j’aurais agressé et blabla. Bref je serai s responsable d'une situation entièrement créée par ceux qui la dénoncent!
Évidemment, il s’en est aussi trouvé un pour dire la bêtise habituelle du journaliste qui suit l’actualité en lisant les titres des journaux. C’est le cas de Pernaud de TF1, l’aigle des Carpates, qui affirme que je ne sais plus quoi faire pour faire parler de moi comme si ce n’était pas lui et les autres brahmanes qui avaient lancé et commenté cette « affaire » jusqu'à la nausée. Sans oublier l’exploit de Ruth Elkrief qui en toute modération et respect pour moi, déclare sur I-télé, contre Philippe Cohen, que mon attitude « c’est du populisme, c’est pareil que Le Pen ». Et comme Cohen interloqué lui dit « Vraiment? Vous pensez vraiment que c’est pareil ? » Elle répond : « Oui c’est la même chose! Et je ne fais pas la différence entre les deux ! ». Dans ces conditions j’ai annulé ma participation à son émission car j’estime que les conditions d’un entretien serein avec elle ne sont plus réunies.
En tous cas, il aura suffi de quelques heures pour que les réactions des principaux protagonistes éclairent le contexte de l’agression de France Télévisions contre moi sous une lumière qui correspond exactement à ce que j’en avais dit dans ma précédente note. Toute cette histoire est un montage pour provoquer un réflexe corporatiste de solidarité autour d’un journaliste vedette dont la réputation a été sévèrement abimée par sa propre profession en raison d’un entretien avec le chef de l’État qualifié par ses propres confrères de spécialement « complaisant » et même de « servile ». Comme cette affaire a tourné court. Première réaction à relever, celle de Xavier Mathieu, le syndicaliste harcelé par les questions déshonorantes de Pujadas dans la scène à laquelle je réagis. Il confirme qu’il a ressenti la scène comme moi, c'est-à-dire comme une tentative pour l’obliger à se désolidariser de ses camarades et de le traiter comme un voyou. Sous le titre "Mélenchon a parfaitement résumé ma pensée", le site du JDD publie en effet une interview de Xavier Mathieu qui est très explicitement à ma décharge. Lisez si vous ne l'avez déjà fait sur site:
« Xavier Mathieu est l'homme qui se trouve au centre de la polémique entre Jean-Luc Mélenchon et David Pujadas. Interrogé lundi par leJDD.fr, le syndicaliste CGT de l'usine Continental de Clairoix (Oise) exprime sa reconnaissance envers le président du Parti de gauche. "Quand David Pujadas m'interroge, je ne suis pas sûr qu'il ait conscience du fossé qu'il y a entre lui et nous", explique-t-il, refusant, toutefois, de placer tous les journalistes dans le même sac. » Au passage cette introduction laisse entendre que j’aurais, quant à moi, mis « tous les journalistes dans le même sac ». Vieille ficelle du corporatisme ordinaire. Puis vient le titre:
« Xavier Mathieu prend fait et cause pour Jean-Luc Mélenchon dans ses attaques contre David Pujadas. (Reuters). »
« Dans sa croisade contre les journalistes, Jean-Luc Mélenchon a fait une nouvelle victime: David Pujadas. En cause, une interview par le journaliste de France 2 du syndicaliste Xavier Mathieu, responsable CGT de l'usine Continental de Clairoix. Des questions jugées à charge par le président du Parti de gauche. Dans une confession faite à Pierre Carles, pour le documentaire Fin de concession – qui a déjà fait parler de lui – Jean-Luc Mélenchon traite le présentateur du 20 Heures de "salaud", de "laquais" à la solde des puissants. Entre les deux hommes, le torchon ne cesse de brûler. Xavier Mathieu, lui, prend fait et cause pour l'ancien socialiste. Interview. » Comme chacun le sait, je n’ai jamais « attaqué Pujadas » dont je me contrefiche et avec qui aucun torchon ne brûle. Je ne mène aucune « croisade » contre la profession de journaliste dans laquelle je n’ai fait aucune victime, et je ne me suis nullement « confessé » à Pierre Carle qui lui, de son côté ne prétendait pas me faire avouer quoi que ce soit. Ces quelques manipulations préalables du vocabulaire ne doivent pas empêcher de lire la suite. Je publie donc ce papier qui est pour moi comme une légion d’honneur dans mon combat de gauche compte tenu des paroles que prononce Xavier Mathieu à mon sujet.
Comment réagissez-vous à la polémique entre Jean-Luc Mélenchon et David Pujadas au centre de laquelle vous vous trouvez?
Xavier Mathieu : "J'ai été très touché par la réaction de (Jean-Luc) Mélenchon dans le sens où, sans avoir eu de contact avec lui, il a parfaitement résumé la pensée qui était le mienne au moment de cette interview. J'ai eu l'impression, de la part de David Pujadas, qu'il me prenait pour un voyou. Que je devais avouer à la France entière que j'avais fait quelque chose de mal et que je devais m'excuser. Sur le coup, j'ai tenté de me montrer catégorique, de répondre avec mes mots, mais c'est vrai que Mélenchon a, lui, su exactement exprimer ce que je pensais à ce moment-là. Je lui ai d'ailleurs envoyé un texto pour lui dire que j'ai énormément apprécié qu'il ait ressenti la même chose que moi. Mais le plus important, c'est qu'à l'époque de cette interview, beaucoup de gens autour de moi ont partagé cet état d'esprit. J'en ai entendu plusieurs qui m'ont dit: "Quel salaud ce Pujadas!" D'ailleurs, pendant plusieurs mois, je ne suis plus passé au JT de France 2…"
Vous en voulez à David Pujadas?
XM : "Disons que ce jour-là, j'aurais aimé qu'il interroge aussi les dirigeants de Continental en leur posant les mêmes questions, du style: "Est-ce que vous n'êtes pas allés trop loin en trahissant vos salariés? Est-ce que vous ne regrettez pas de leur avoir menti après leur avoir promis la pérennité du site en contrepartie du retour aux 40 heures?" J'aurais aimé entendre ces questions-là. Quand David Pujadas m'interroge, je ne suis pas sûr qu'il ait conscience du fossé qu'il y a entre lui et nous. Je ne sais même pas s'il a déjà mis un pied dans une usine.
Pujadas? "Quelqu'un qui a avant tout une image à vendre, la sienne"
Journalistes, tous des "laquais"?
XM : Non, pas du tout. Tout au long de ce conflit social, j'ai eu d'excellents rapports avec les journalistes de terrain qui venaient souvent nous voir. Le seul problème qu'on a eu, c'est avec TF1, qui avait refusé de flouter les visages des ouvriers qui ont saccagé la sous-préfecture. Malheureusement, des "laquais", des gens qui sont prêts à vendre la peau des autres pour leur propre intérêt, il y en a partout, y compris chez les journalistes. David Pujadas, ce n'est pas un journaliste, c'est une star du journalisme. C'est quelqu'un qui a avant tout une image à vendre, la sienne. Il est dans cette catégorie de journalistes "ultrastarisés" qui n'ont pour seul challenge que de poser "la bonne question". Les réponses aux questions, ils n'en ont rien à faire!
À votre niveau, la longue médiatisation du conflit social chez Continental a-t-elle modifié votre comportement?
XM : Non, à titre personnel, pas du tout. Mais malheureusement, on est dans une société où tout doit être uniforme et quand quelqu'un intervient d'une manière différente, parfois grossière je le reconnais, on fait tout pour lui "casser la gueule". Mais il faut savoir ce qu'on veut! Si on veut autre chose qu'une télévision au discours aseptisé, avec des gens qui disent tous la même chose, il faut respecter la nature des gens. C'est d'ailleurs le cas de Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi est-ce qu'il plaît? Parce qu'il tient le discours de l'homme de la rue.
On lui reproche toutefois de taper systématiquement sur les journalistes tout en s'assurant sa propre médiatisation…
XM : Mais c'est pour tout le monde pareil! Dans notre conflit, il y avait un contrat moral avec les journalistes: je me servais d'eux, ils se servaient de moi en quelque sorte. Tout le monde y trouvait son intérêt, même si je ne leur ai jamais dit, évidemment, ce qu'il fallait dire ou écrire. Et, à part quelques exceptions, ça s'est toujours super bien passé. »
Merci Xavier Mathieu ! Vos paroles m’honorent comme vous ne sauriez le croire. Je suis extrêmement fier d’être défendu par vous ! Et davantage encore que vous ayez confirmé ce que je ressentais à votre sujet à cet instant où Pujadas essayait de vous faire passer pour des voyous, vous et vos camarades. Au moment où j'écrivais ces mots de reconnaissance j'ignorais que le ministre du travail, l'ami des Bettencourt avait autorisé le licenciement de Xavier Mathieu, seul délégué syndical de Continental dans ce cas. Et cela au motif mensonger qu'il aurait refusé un reclassement en Moselle. Quel acharnement! Quel vil acharnement! On comptera combien de reportages seront consacrés au sujet! Combien de chroniques seront dites ou écrites à propos de l'ouvrier persécuté ! Mais qu'est-ce que l'honneur et l'avenir d'un ouvrier pour les belles personnes jacassantes? Peu. Même dans la presse le haut du panier et le bas c'est la nuit et le jour. C'est ce que nous a appris le communiqué du SNJ-CGT.
Comme on le sait la direction de France télévisions a publié un communiqué contre moi. Si l’on en croit ce qu’il dit ce serait ma réaction à l’outrageante interview de Xavier Mathieu par David Pujadas qui insulterait « tous les journalistes du service public ». Ce n’est pas du tout ce que pensent les salariés de cette entreprise, et notamment les journalistes. En effet le syndicat SNJ-CGT de France Télévisions a publié dimanche 10 octobre un communiqué très instructif et intéressant. Sous le titre : « Journalistes outragés : les réactions à géométries variables de la Direction », il commence par rappeler le contexte de ma réaction puis il conclut : « Les mots de Jean-Luc Mélenchon sont durs et la réaction de la Direction normale, d’autant qu’elle est tenue par la Convention collective d’apporter son soutien aux journalistes outragés dans l’exercice de leurs missions. » Je ferai cependant remarquer que ma réaction n’outrage pas Pujadas dans l’exercice de sa mission mais six mois après, au vu d’un visionnage dans le cadre d’un documentaire à propos de la critique des médias. S’il est impossible de réagir, dans de telles conditions, cela signifierait que la dite convention collective abrogerait tout simplement le droit de critique au bénéfice d’une corporation, privilège que même les juges ne demandent pas pour eux.
«Deux poids, deux mesures » dit le titre du communiqué Mais force est de constater que la Direction ne soutient pas toujours ses journalistes ! Sans remonter aux calendes : nous attendons toujours que la Direction apporte son soutien public aux journalistes de France 3 Centre gravement diffamés le 2 octobre par un préfet (demande du 6 octobre dans un courrier au PDG resté sans réponse) ; plus inquiétant, nous venons d’apprendre, par le Directeur de l’information que la Direction de FTV, contrairement au SNJ-CGT, n’a pas l’intention de déposer plainte contre le policier du service d’ordre de Sarkozy qui avait giflé un journaliste à Saint Denis voilà trois mois ! » Ainsi donc non seulement la direction de France Télévisions n’a rien dit quand d’autres journalistes ont traité Pujadas d’incompétent, mais elle a même abandonné ses propres employés quand ils ont été physiquement maltraités ! On comprend que j’étais bien en droit de dire que le communiqué de la direction de France Télévisions n’est motivé que par un calcul : taper sur un responsable politique pour obtenir un réflexe de caste autour de son journaliste vedette. Le reste c’est le syndicat des journalistes qui le dit le mieux : « Outrés par ces différences de traitement nous sommes en droit d’interroger la Direction : y-a-t-il deux catégories de journalistes à France Télévisions, ceux que l’on défend et ceux qu’on laisse traîner dans la boue voire physiquement agresser sans réagir ? Le soutien public, voire les procédures en justice, dépendent-t-ils de la qualité des personnes qui s’en prennent aux journalistes ? A l’aune des réponses les journalistes de France Télévisions apprécieront… » Et moi je n’ajoute rien à cela, car je connais la réponse.
L'accueil que m’ont réservé, dans la manifestation du 12, les cortèges de journalistes de la télévision publique, me suffit à savoir que la direction de France télévisions et sa star sont assez profondément coupés de la base à mon sujet. De plus, j’ai apprécié que le syndicat des journalistes n’en soit pas resté là, mais au contraire propose une réflexion critique plus large, si rare dans ce milieu où la parole officielle est si souvent celle des autosatisfaits. J’en recopie le contenu : « Quelle perception les téléspectateurs ont-ils de nos JT ? Au-delà de cette polémique, la réaction de Jean-Luc Mélenchon n’est-elle pas après tout que l’expression, pour une fois médiatisée, des nombreuses critiques que nous entendons et que nous lisons de plus en plus souvent sur les blogs à propos de nos JT ? Comment en effet ne pas se poser la question : l’intervieweur aurait-il employé les mêmes mots s’il avait-eu en direct le patron voyou des Conti ? À voir l’interview de Sarkozy par le même, le 12 juillet dernier, la question mérite d’être posée… Il est aujourd’hui urgent de s’interroger sur la perception qu’ont les téléspectateurs de nos JT, comme nous l’avions demandé au Directeur des rédactions lorsqu’il nous avait reçus après sa nomination. »
Tags : journaliste, pujadas, c’est, moi, melenchon
-
Commentaires