• Sarkozy : fragilisé, il provoque

    Avec 36 % des voix au second tour contre 54 % pour la gauche, huit ministres têtes de liste battus, c’est une véritable déroute électorale que viennent de subir l’UMP et ses alliés.

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    Certes, en récupérant une partie de son électorat qui s’était abstenu au premier tour, la droite garde l’Alsace. Elle gagne la Réunion, grâce à la présence d’une liste PS contre le président sortant Paul Vergès, ainsi que la Guyane, mais la défaite n’en est pas moins cinglante pour elle. C’est un rejet massif de la politique de Sarkozy et de son gouvernement qui vient de s’exprimer, des mensonges et de la démagogie populiste de celui qui avait prétendu incarner la « France qui se lève tôt ».

    Au soir du second tour, obligés de se rendre à l’évidence, les dirigeants de l’UMP ont été contraints d’admettre leur défaite, mais tous ont répété à l’envi qu’il fallait « poursuivre les réformes » et que le scrutin était régional, façon de nier la réalité, le désaveu de leur politique de casse des droits sociaux et démocratiques.
    Les critiques qui fusaient déjà au sein des parlementaires de la majorité, n’ont fait que redoubler. Dominique de Villepin a fait annoncer par ses proches le lancement prochain de son propre parti. Jean-François Copé et bien d’autres reprochent à Sarkozy sa politique d’ouverture à gauche, dont les derniers épisodes, la nomination du socialiste Migaud à la tête de la Cour des comptes et de Charasse au Conseil constitutionnel, ont fait grincer des dents. Le chef de file des députés UMP, Copé, qui se verrait bien, comme Villepin, présidentiable en 2012, a répété le soir du vote que la droite devait « revenir à ses fondamentaux » pour regagner l’électorat de 2007 – en partie retourné au Front national –, avec entre autres choses une loi interdisant la burqa.
    Si bien que le remaniement ministériel, tout d’abord annoncé comme simplement « technique », s’avère plus important que prévu. Martin Hirsh, une des personnalités d’ouverture, quitte le gouvernement. Georges Tron, proche de Villepin, devient secrétaire d’État à la Fonction publique. François Barouin, proche de Chirac, qui avait dénoncé une ouverture « qui crée des courants d’air à droite », devient ministre du Budget. Et surtout, Éric Woerth devient ministre du Travail à la place de Xavier Darcos, qui a fait le plus mauvais score parmi les ministres (28 % en Aquitaine).
    Sarkozy espère reprendre la main grâce à la réforme des retraites et Woerth lui apparaît le mieux placé pour cela. Resté à l’écart des élections régionales, il n’a pas eu à en subir la sanction et, surtout, ancien ministre du Budget, il reste l’homme de la lutte contre les déficits au nom de laquelle le pouvoir espère imposer sa réforme. Un thème sur lequel il y a de larges convergences avec le PS, Europe Écologie et même avec les directions des confédérations syndicales. Cette nouvelle provocation contre le monde du travail risque fort de se retourner contre lui.

    Galia Trépère
    site internet du NPA

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