• Traitement de choc

    de l'Humanité
    Il ne s’agit pas de « céder aux marchés et aux agences de notation ». Non, il est simplement question de précéder leurs appétits sans fond.
    Est-ce l’anniversaire du rattachement de Nice à la France ? Lorsqu’on entend le premier ministre affirmer, la main sur le cœur, devant ses nouveaux adhérents : « Nous n’avons pas d’autres priorités que de sécuriser le régime par répartition qui a été le fruit de l’engagement de la volonté du Conseil national de la Résistance et du premier gouvernement dirigé par le général de Gaulle », ce ne sont pas les mânes de l’auteur de l’Appel du 18 juin qui resurgissent mais bien plutôt celles de l’homme qui signa la capitulation de Sedan, Napoléon le Petit. Dans la même semaine, le gouvernement aura lancé l’abdication du pouvoir budgétaire du Parlement, le plaçant sous l’œil de la Commission européenne. Et, comme François Fillon le jure, la main sur le cœur à moins que ce ne soit sur le portefeuille, il ne s’agit pas de « céder aux marchés et aux agences de notation ». Non, il est simplement question de précéder leurs appétits sans fond.

    Le discours que l’hôte de Matignon a prononcé samedi résonne comme une déclaration de guerre totale. Il s’agit en premier lieu pour le pouvoir de rentrer à marche forcée dans les clous de l’austérité budgétaire prônée par le traité de Lisbonne, au service de ces mêmes marchés. Plus de 45 milliards d’euros seraient taillés dans la « dépense publique » d’ici à 2013. Se félicitant de la casse de l’emploi public – plus de 100 000 postes déjà supprimés depuis 2007, dont la majorité dans l’éducation –, il entend faire appliquer son dogme du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux par les « opérateurs d’État », entendez aussi bien Pôle emploi que les universités ou le CNRS ! Les transferts aux collectivités territoriales vont, eux, « être gelés ». Le même traitement de choc va être appliqué à la retraite des salariés. « Il serait lâche de notre part de dire aux Français que leur retraite pourrait être assurée sans prolonger la durée d’activité et sans toucher à l’âge légal et au symbole des soixante ans ! » a osé lancer le sous-chef de la droite à un public conquis d’avance.

    Au passage en force érigé en méthode de gouvernement s’ajoute, depuis plusieurs semaines, le martèlement d’un seul argument. C’est peu pour un sujet qui inquiète les Français, déjà plus qu’échaudés et mécontents de la gestion de la crise par cette droite qui confond affaires du monde et monde des affaires. De ce côté-là, quelques confettis sont lancés : écorner « temporairement » les revenus supérieurs à 11 000 euros mensuels ou émettre l’hypothèse de rogner 2,5 milliards d’euros sur les « niches fiscales ». Face à l’augmentation de cotisations, directement ou indirectement via une CSG qui frappe salariés et retraités et épargne les riches, que le gouvernement envisage, l’UMP est obligée de venir sur le terrain du financement. Rappelons que les « niches » en question, représentant 70 milliards d’euros par an, ou que les exonérations de cotisations patronales sur les salaires s’élèvent à 25 milliards, ou encore, que taxer les revenus financiers des entreprises et des banques à 8 %, comme les cotisations patronales, rapporterait plus de 22 milliards. À entendre, hier à la télévision, Ségolène Royal lancer que « le capital cotise autant que le travail », on se dit que ces idées commencent à se frayer un chemin dans le monde du travail. Hâtons-nous de les rendre populaires, et c’est peut-être sur cette « réforme »-là que les admirateurs de Napoléon III devront capituler.

     Michel Guilloux


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