• Une richesse abusive

    La controverse bat son plein sur l'existence ou non d'un scandale politique dit « affaire Woerth ». Mais qui dit mot du scandale économique qui en est la racine ?Des kilomètres d'articles et des heures de reportage décrivent le fonctionnement de Liliane Bettencourt, « la personne la plus riche d'Europe », sans jamais contester cette richesse. Liliane Bettencourt est au sommet d'une caste de super-riches qui se porte bien, merci. « En 2009, le nombre de foyers millionnaires en dollars a augmenté d'environ 14 % et atteint 11,2 millions, quasiment autant qu'en 2007 » jubile le Boston Consulting Group dans son rapport 2010 sur la richesse mondiale intitulé « Regagner le terrain perdu ». Malgré la crise, il y a donc de plus en plus de super-riches. Cette accumulation obscène, contraire à l'égalité entre les êtres humains, signale la férocité de l'exploitation qui la rend possible. Elle débouche en outre inéluctablement sur le viol de la souveraineté populaire.

    Il serait en effet naïf de croire que de telles fortunes peuvent être amassées indépendamment des politiques gouvernementales. Il a fallu supprimer les limites à l'enrichissement : libérer la finance, bouleverser les politiques fiscales, assurer par des marchés publics ou des privatisations des niches de profit faramineux. Liliane Bettencourt aurait pu vivre confortablement sans corrompre quiconque ni violer aucune loi. Mais elle n'aurait jamais pu devenir aussi riche sans conseillers en évasion fiscale, informations privilégiées sur des décisions de justice, liens privilégiés avec le pouvoir. Et si les grandes firmes états-uniennes financent abondamment les partis démocrates et républicains, c'est bien qu'elles bénéficient d'un confortable retour sur investissement.

    De plus, il serait naïf d'oublier que de telles inégalités de fortune minent sans coup férir la démocratie. L'argent donne du pouvoir, l'argent sans limite donne un pouvoir sans limite. Dès lors que des gens peuvent s'acheter tout ce qu'ils souhaitent, ils finissent par acheter l'État lui-même. Ce n'est pas vrai seulement en France. Partout d'anciens chefs d'État et de gouvernement après avoir brisé nos retraites, mènent la leur dans les affaires, à l'image de Blair, administrateur de LVMH, et Schröder, aujourd'hui responsable d'un groupe pétrolier. Pour rétablir le pouvoir du peuple, il faut empêcher les richesses abusives.


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