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    1/22/2


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    Un sondage me donne à touche/touche avec François Hollande et dans un cas devant lui. Les candidats de droite eux-mêmes sauf Juppé ne semblent pas hors de portée d’une campagne sérieusement menée. Je ne répète pas le doute que j’ai toujours exprimé sur ce que sont les sondages. Mais je ne méconnais pas leur capacité de prescription, pour ne pas dire d’injonction. Car si l’opinion n’existe pas, par contre, elle se fabrique.

    Déjà l’onde de choc que produit ce sondage porte progressivement ses fruits. Dans cette phase où j’ai proposé ma candidature depuis le 11 février, il la conforte en la légitimant. Car non seulement je tiens le niveau de 2012, mais j’améliore le score d’alors. Aussitôt, ce sondage a fracassé bien des diguettes. En quelques heures, les contacts les plus refroidis ont repris vigueur dans tous les secteurs. Je ne me grise pas de cette situation. Je continue à ne croire en rien d’autre qu’au travail patient et méthodique pour s’incruster plus avant et plus profond dans le terrain. Que ferions-nous d’une force dont l’humeur fluctuerait au gré des sondages, des succès accordés et des enthousiasmes de commande ?

    Pour autant, on ne peut négliger l’impact politique de ce sondage. Le premier concerne évidemment la faiblesse du score du président. Mais il faut aussi constater la disparition du Premier ministre, remplacé dans la mode du jour par la nouvelle coqueluche du système, Emmanuel Macron. Tout cela combiné conduit à afficher et installer une crise politique du pouvoir. Mais qui commande là-dedans ? Car la monarchie, ça marche avec un monarque. Pas avec un président de comité des fêtes cantonales.

    On se souvient comment en une question, deux interruptions, madame Léa Salamé a fait de la soirée télévisée de François Hollande une fin de partie pour celui-ci. On a vu qu’en face d’elle il n’y avait plus de président, juste l’ancien Premier secrétaire du PS, qui brillait dans les fêtes de la rose, jouant désormais un rôle qui le dépasse. Léa Salamé a joué le rôle de révélateur. Un pouvoir aussi affaibli est à portée de main pour être vaincu en ce qui concerne le retrait de la loi scélérate dite « El Khomri ». La dérobade des élus PS se comprendrait dans ce cas mieux qu’une obstination suicidaire.

    Je ne dis cela que pour montrer comment d’un sondage qui le montre si faible à une position encore plus faible, il y a un enchaînement accéléré dont nul ne peut dire comment il finira. Ni comment l’autorité de l’État sera sauvegardée quand elle est engagée d’une façon qui la discrédite contre les manifestations de « la nuit debout », les cortèges de lycéens et les manifs sociales. Le tout pendant qu’un ministre de l’économie caquète à tout va, et même sur la politique européenne, comme s’il était déjà le nouveau centre du pouvoir.

    J’en reviens au paysage global que dessine le sondage LCI/RTL/Le Figaro. Clairement après cela, si la tendance est confirmée, fini le tripartisme, c’est-à-dire l’idée que l’espace politique est enfermé et verrouillé par les deux partis qui récoltent, le PS et LR, et leur épouvantail qui protège la moisson contre les picorées sauvages, le FN. À quatre protagonistes, on peut dire qu’est redistribuée entièrement la façon de penser la suite des évènements politiques dans notre pays. Car si le FN d’un côté et nous de l’autre sommes une alternative in fine, le PS et l’UMP sont condamnés à former ce bloc libéral dont Macron est la figure emblématique.

    Enfin, j’en viens à ma candidature et à ma campagne. Je suis la lettre cachée de Poe, m’a dit un analyste. Tout le monde m’a sous les yeux, haut dans tous les sondages depuis trois mois. Tout le monde me voit rassembler plusieurs dizaines de milliers d’appui et de nouveau des foules dorénavant fort jeunes. Mais personne ne me voit parmi ceux qu’ils sont cependant censés regarder. Et surtout quand la question sociale revient sur la scène (loi El Khomri) flanquée de la question citoyenne (la Nuit debout) on est dans la doublette qui fonde mon discours et quasiment ma carte de visite politique. Cela finit par se traduire dans le champ des intentions de vote et c’est bien naturel.

    Aucun mystère là-dedans. La politique ce n’est pas (encore) que de la com. Il y a aussi des réalités, notamment sociales, et celles-ci finissent souvent par dicter leur loi.

    Jean-Luc Mélenchon


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  • Le 16 avril 2016, Jean-Luc Mélenchon s’est rendu à Berlaimont dans le Nord, pour soutenir les salariés d’Åkers qui l’y avaient invité alors que leur usine est menacée de fermeture. Des salariés et anciens salariés de boîtes en lutte ont pris la parole : Åkers, Vallourec, Sambre et Meuse, Continental.


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  • Par Jean-Luc Mélenchon

     

    La France va donc poursuivre dans le nucléaire à tout va. Au prix du risque de catastrophe. Et jusqu’à ce qu’EDF finisse par mourir sous le coup des dépenses insupportables pour l’entreprise comme je l’ai souligné récemment sur ce blog. Il en est ainsi de l’investissement dans le réacteur EPR anglais de Hinkley Point, un investissement de 16 milliards d’euros pour EDF ! La décision de poursuivre cet investissement doit être prise le 11 mai par un Conseil d’administration. Le gouvernement pousse pour continuer dans cette impasse, notamment par la voix d’Emmanuel Macron. Mais je sais qu’à l’intérieur d’EDF, des voix s’élèvent contre ce projet. Le directeur financier a démissionné le mois dernier. Les organisations syndicales demandent toutes au moins le report du projet, quand elles ne réclament pas son abandon pur et simple. Comme moi. D’autres initiatives sont en préparation sur ce dossier. La poursuite dans le nucléaire prend de plus en plus les allures d’un sabordage industrialo-financier d’EDF. Et François Hollande y participe activement.

    Il vient de prendre une décision que je juge désastreuse. Il enterre la loi de transition énergétique. Et cela  quelques jours avant d’aller fanfaronner à New York le 22 avril pour la cérémonie de signature de l’accord conclu à Paris lors de la COP21 de décembre dernier. En matière d’écologie comme sur le reste, la mauvaise foi de l’équipe Hollande est un incroyable facteur de disqualification de la parole politique et des institutions politiques. Dernier épisode en date : « Le gouvernement renonce à réduire la part de l’énergie nucléaire ». C’est la une du journal Le Monde de ce jeudi 14 avril. Le gouvernement a décidé de renvoyer à 2019 tout arbitrage sur des fermetures de centrales nucléaires hormis Fessenheim. C’est le naufrage total de l’accord PS-EELV de 2012 négocié par Martine Aubry et Cécile Duflot et de la loi de transition énergétique voté par les députés PS et EELV. Emmanuelle Cosse et les autres ministres écolos du gouvernement ont intérêt à avoir une bonne digestion vu la taille de la couleuvre.

    La baisse de la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% d’ici 2025 rejoint les autres promesses envolées de François Hollande et ses alliés. Ainsi en a décidé la ministre Ségolène Royal, en accord évidemment avec le président. La loi de transition énergétique votée en 2015 reprenait la promesse de 2012 de baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité. Certes, elle se contentait de geler la production d’électricité nucléaire à sa capacité actuelle. Il n’y avait pas de baisse de cette capacité. Et encore moins de fermeture de réacteurs. C’était un marché de dupes. Il permettait à EDF de continuer les travaux du réacteur EPR de Penly sans avoir à fermer de centrales nucléaires avant sa mise en service. Mais la loi renvoyait les modalités d’application de la réduction de la part du nucléaire à une « programmation pluriannuelle » de l’énergie fixée par décret, c’est-à-dire par le gouvernement.

    C’est cette programmation que prépare Ségolène Royal. Cette programmation couvre deux périodes, 2016-2018 d’une part et 2019-2023 d’autre part. Dans cette programmation en préparation, tous les arbitrages sur les centrales nucléaires sont repoussés à 2019. Deux ans après la fin du mandat de François Hollande ! Or selon la loi, la programmation pluriannuelle doit fixer « les priorités d’action des pouvoirs publics ». Il est donc clair que la réduction de la part du nucléaire n’est pas une « priorité d’action » du gouvernement ! En effet, la ministre Royal vient de présenter un projet d’arrêté ministériel portant uniquement sur les capacités de production d’énergies renouvelables. Pas question de nucléaire donc. La ministre botte en touche et gagne du temps alors que le quinquennat touche à sa fin. Le décret de fermeture de la centrale de Fessenheim n’est toujours pas pris et sa fermeture ne peut plus être effective avant l’élection présidentielle. Dans la logique de Hollande, elle ne devrait fermer qu’à l’occasion de la mise en service d’un nouveau réacteur, l’EPR de Flamanville. Laquelle est prévue pour 2018. Un horizon d’ailleurs purement théorique car il y a déjà eu plusieurs reports.

    Et pour les autres réacteurs ? Aucune fermeture avant plusieurs années ! « C’est dans la seconde période de la programmation pluriannuelle, entre 2019 et 2023, qu’il va falloir prendre des décisions » dit la ministre. Fermez le ban, rien ne sera décidé avant la présidentielle. Et encore, les décisions à prendre sont elles-mêmes très floues. Elles seront prises « avec l’Autorité de sûreté nucléaire, en fonction du développement constaté des énergies renouvelables et de l’évolution de la demande en électricité » et non en fonction de choix démocratiquement exprimés. Ségolène Royal ajoute, toujours aussi imprécise, qu’« il y aura des réacteurs prolongés et des réacteurs fermés, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ». Mais Le Monde évoque une autre hypothèse pour faire baisser la part du nucléaire sans fermeture de centrale. Comment ? En « diminuant la production des centrales »pour maintenir la puissance actuelle tout en faisant de la place à de nouveaux réacteurs ! Où l’on mesure la mauvaise foi de la loi de transition énergétique, véritable carte blanche laissé au gouvernement.

    Ségolène Royal explique qu’elle dissocie le développement des énergies renouvelables de la fermeture des centrales nucléaires pour donner la priorité au développement des renouvelables.  Elle affirme avoir « choisi de procéder en deux temps » pour, dit-elle, « sécuriser le développement [des renouvelables], en le rendant indépendant du volet nucléaire, plus compliqué à traiter et conflictuel. Les filières renouvelables ont besoin de visibilité. Si leur sort était lié à celui du nucléaire, les professionnels pourraient craindre que tout soit remis en cause en cas d’alternance politique ». C’est une manière d’avouer que sur le nucléaire, Hollande cherche à gagner du temps pour que rien ne soit irréversible. Le Monde relève que « Pour autant, la Cour des comptes estime, dans son dernier rapport annuel, que baisser la part de l’atome à 50  % du bouquet électrique revient à arrêter  » de 17 à 20 réacteurs  » sur les 58 que compte l’Hexagone. Ce qui, en bonne programmation, exigerait de planifier et d’étaler les fermetures. Au lieu de quoi l’exécutif se défausse, de facto, sur les gouvernements futurs ».

    Plus c’est gros, plus ça passera doit se dire Ségolène Royal ! Car prétendre développer les renouvelables en les séparant du nucléaire est une mauvaise plaisanterie. C’est renoncer à toute transition énergétique globale et cohérente. Surtout, tous les spécialistes du secteur savent que les énergies renouvelables ne peuvent franchir un palier de développement qu’en ayant la garantie de remplacer le nucléaire au moins en partie. C’est ce que dit Cyrille Cormier, de Greenpeace : « on ne peut pas sécuriser les renouvelables sans garantir, dans le même temps, qu’on va leur faire de la place sur le marché et sur le réseau ». Pourquoi ? Parce que « la France et l’Europe sont en surcapacité de production électrique, si bien que ces filières ne pourront pas progresser sans une baisse effective du nucléaire, donc sans fermeture de réacteurs ».

    La ministre est d’une totale mauvaise foi. Car à toutes les considérations que je viens d’évoquer s’en ajoute une décisive : il ne sera pas possible de développer massivement les énergies renouvelables tout en engageant les dépenses exorbitantes que suppose la poursuite du nucléaire. En effet, la Cour des Comptes a estimé à 100 milliards d’euros les dépenses nécessaires pour la mise aux normes du parc nucléaire si l’on veut  prolonger sa durée de vie de 40 à 50 ans, soit dix ans de fonctionnement supplémentaires par rapport au maximum qui avait été prévu à l’origine. Et ce chiffre n’intègre ni la poursuite du fiasco industriel et financier de l’EPR en France et à l’étranger, ni les sommes à investir pour démanteler les centrales, reconvertir les sites nucléaires actuels, former les salariés des centrales à de nouveaux métiers. La catastrophe est commencée, c’est celle de cette politique !

    Cette annonce du gouvernement intervient à quelques jours du 30e anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Plusieurs manifestations anti-nucléaires seront organisées notamment le samedi 23 avril. Cet anniversaire aurait pu coïncider avec la fermeture de Fessenheim et l’engagement d’un plan de sortie du nucléaire sur plusieurs années. Pour cela, il aurait fallu une volonté plus grande que les accords électoraux du PS et d’EELV en 2012. Au lieu de quoi, le gouvernement décide de continuer dans le nucléaire. Ce quinquennat aura vraiment été cinq ans de perdus en matière de transition énergétique.


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